Cardio3 Biosciences retombe sur terre

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Après avoir connu un démarrage en fanfare en Bourse, la société de biotechnologie wallonne a essuyé son premier revers mardi sur les marchés. En cause : un article dans lequel un médecin britannique met en cause la fiabilité des essais cliniques de son traitement contre l’insuffisance cardiaque. Critiques que la société réfute en bloc.

Entrer en Bourse n’est pas sans risque pour une PME. Cardio3 Biosciences, première société à avoir levé des fonds (23 millions d’euros) sur Euronext Bruxelles depuis la fin 2009, en sait désormais quelque chose. Après avoir enregistré des gains de 20 % au terme de ses deux premiers jours de cotation, la société est retombée sur terre mardi. Dans l’après-midi, son titre perdait près de 6 % autour des 19 euros. En cause : un article publié lundi par un journaliste médical sur un blog du magazine Forbes. Ce dernier a interrogé un médecin britannique qui conteste les données publiées par Cardio3 à l’issue de la phase II des essais cliniques de son C-Cure, un traitement de thérapie cellulaire contre l’insuffisance cardiaque, dans le Journal of The American College of Cardiology (JACC). Plus précisément, le scientifique britannique invoque des imprécisions quant au nombre de patients ayant participé aux tests et quant à la procédure de randomisation (répartition aléatoire entre le groupe témoin et le groupe expérimental). Il met aussi en cause l’indépendance d’un des auteurs de l’article publié dans le JACC, en l’occurrence William Wijns, éminent cardiologue et co-directeur du centre de cardiologie de l’hôpital d’Alost. Selon l’article britannique, Cardio3 n’aurait pas mentionné les liens financiers qui l’unissent au scientifique qui est aussi co-fondateur de la société et administrateur. Ce dernier aurait reçu 18.768 actions de la société lors de la levée de fonds précédant l’IPO.

Faux, rétorque la société qui a répondu point par point aux accusations du journaliste anglais, insistant sur le fait que la publication des résultats de la phase II a été revue par un comité d’experts. Quant à William Wijns, explique Christian Homsy, le CEO de l’entreprise basée à Mont-Saint-Guibert, ce dernier a acheté, à titre personnel, ces actions après la publication des résultats de la phase II. “Il n’y a aucun conflit d’intérêt”. Le dirigeant souligne par ailleurs que le médecin britannique à la base des critiques est réputé pour être opposé aux cellules souches. “Il a le droit d’émettre son opinion mais les débats ne doivent pas se faire via la presse interposée mais dans des forums scientifiques”, précise encore Christian Homsy qui déplore que le journaliste n’ait pas attendu de recevoir les arguments de Cardio3 avant de publier son article. Ceux-ci n’ont été rajoutés à l’article que ce mardi matin.

Quoi qu’il en soit, avec Internet et les réseaux sociaux, la nouvelle s’est très vite répandue, forçant la PME, à peine 48 heures après avoir fait son entrée en Bourse, à effectuer sa première communication de crise. “On est à présent une entreprise cotée, le succès de notre IPO fait des envieux, cela fait partie du jeu. On apprend à gérer ce genre de situation”, conclut, serein, Christian Homsy.

Sandrine Vandendooren

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