Bpost prête à racheter PostNL pour 2,5 milliards d’euros

© EPA/Van Lieshout

L’entreprise belge bpost est prête à mettre 2,5 milliards d’euros sur la table pour reprendre son homologue néerlandaise PostNL. Bpost évoque dimanche soir une proposition “améliorée et amicale”.

Bpost veut offrir 5,65 euros (en cash et actions) par action PostNL. L’entreprise souligne qu’une offre concrète suivra uniquement si la proposition satisfait le conseil d’administration et le conseil des commissaires de PostNL.

Bpost est totalement convaincue de la valeur stratégique d’une combinaison avec PostNL, indique dimanche un communiqué de presse. Ensemble, les deux entreprises seraient “un des principaux acteurs en Europe, avec plus de 28 millions de clients potentiels aux Pays Bas et en Belgique”.

L’entreprise belge évoque également la possible création de 3.200 emplois supplémentaires à moyen terme. Bpost s’engage par ailleurs à créer un centre d’innovation aux Pays-Bas et à conserver la marque PostNL ainsi que le siège de La Haye. Le bureau du groupe fusionné serait cependant établi à Bruxelles.

Les actionnaires de PostNL détiendraient 21% dans l’entreprise commune. La participation de l’Etat belge passerait elle des actuels 51% à 40%.

Il y a quelques jours, PostNL s’était dit “désagréablement surprise” par la communication de bpost, qui avait confirmé dans un communiqué l’étude en interne d’une “approche amicale”. “Nous sommes confiants en notre stratégie indépendante”, avait-elle indiqué.

Une “création de valeur substantielle”

La reprise de PostNL par son homologue bpost entraînera une “création de valeur substantielle”, a assuré lundi lors d’une conférence de presse par téléphone Koen Van Gerven, CEO de l’entreprise postale belge. Il affirme également que l’opération permettra le maintien de l’emploi à long terme, ainsi que la création de 3.200 postes répartis équitablement des deux côtés de la frontière.

La nouvelle offre, de 2,5 milliards d’euros, a été approuvée à l’unanimité par le conseil d’administration de bpost, a indiqué M. Van Gerven. Le montant représente 5,65 euros par action PostNL, soit 31,6% de plus que le cours à la clôture le 31 octobre et 58,7% de plus que le cours moyen pondéré des douze derniers mois. La moitié est offerte en cash et le reste en actions, en l’occurrence 0,1202 action bpost par action PostNL. La part de l’Etat belge, actuellement de 51,04%, passera à environ 40%. Les actionnaires de PostNL détiendront eux 21% de l’entreprise.

Les deux sociétés, “des partenaires égaux”, étaient “toujours sur la même longueur d’ondes”, malgré l’échec de la première tentative de reprise en mai dernier, a poursuivi le CEO. L’offre repose sur une “logique industrielle convaincante” et mènera à une “création de valeur substantielle”. La transaction permettra de faire de la nouvelle entité un “leader mondial” du courrier et de la distribution de colis, “mieux armé pour faire face à la baisse des volumes”, avec “jusqu’à 6 milliards d’euros” de chiffre d’affaires, un milliard d’euros d’ebitda et une “quatrième place en Europe en termes de revenus”.

Selon Koen Van Gerven, l’opération “accélérera la stratégie des deux sociétés” et “renforcera leur structure de capital”. La situation négative en fonds propres de PostNL serait ainsi résolue, ajoute-t-il.

Il n’y a pas de “redondance significative” entre les deux entreprises, dont les activités sont “complémentaires”, insiste le CEO, soulignant que le partage de bonnes pratiques permettra de maintenir l’emploi à long terme, même dans le segment du courrier où les volumes sont en baisse. En outre, 3.200 emplois “répartis de manière égale” entre la Belgique et les Pays-Bas seront créés, principalement dans les colis et l’e-commerce.

M. Van Gerven a encore annoncé qu’un centre d’innovation sera créé aux Pays-Bas et que la marque PostNL sera maintenue.

Au niveau de la gouvernance, qualifiée d'”équilibrée”, trois directeurs dont le président du conseil d’administration du groupe seront néerlandais, trois seront nommés par l’Etat belge et trois indépendants “au profil internationalement reconnu” ainsi que le CEO seront nommés par bpost.

Les syndicats inquiets

Les syndicats s’inquiètent de cette possible reprise. La transaction représente un poids sur les épaules du personnel, estime Jean-Pierre Nyns, secrétaire général de l’ACOD.

Le syndicat déplore notamment la “privatisation” de l’entreprise postale, puisque l’Etat belge ne conserverait qu’environ 40% des parts au lieu des 51,02% actuels.

M. Nyns est tout aussi critique de la garantie assurée aux pensions de PostNL, “un poids pour le personnel de bpost”.

Le syndicat souligne qu’il n’y a, a contrario, aucune garantie que la nouvelle entité demeure un employeur attractif et socialement responsable, comme l’assure bpost, et craint que le personnel ne soit amené à payer d’une certaine manière, vu l’ampleur de l’offre.

Le syndicat chrétien est lui aussi inquiet des possibles conséquences pour les travailleurs. Il se demande notamment ce qu’il en sera du fonctionnement de l’entreprise, qui répondra désormais à une logique privée.

La Confédération syndicale des Pays-Bas (FNV) se dit elle “sceptique” quant aux emplois créés par la transaction. Elle souligne que rien n’est encore fait et précise qu’elle suivra le processus de très près.

Une réunion entre direction et représentants des travailleurs de bpost est prévue lundi après-midi.

Le ministre De Croo voit une “logique industrielle” dans la fusion

Le ministre des Télécommunications et de la Poste Alexander de Croo (Open Vld) a réagi positivement dimanche soir à la proposition de bpost pour reprendre son homologue néerlandaise PostNL. Il évoque “une logique industrielle”.

Selon le ministre, bpost et PostNL formeraient ensemble la quatrième entreprise postale en Europe. “En unissant leurs forces, bpost et PostNL ont le potentiel pour construire l’entreprise postale la plus forte et la plus performante d’Europe, avec un centre de décision en Belgique. C’est dans l’intérêt de tous les travailleurs, de l’emploi, de notre économie et de tous les citoyens”, réagit-il dans un communiqué de presse.

Le ministre précise que le gouvernement fédéral soutien “l’active stratégie de croissance” de bpost.

Un “pas en arrière”, pour le ministre néerlandais de l’Economie

La reprise de PostNL par son homologue belge bpost constituerait un “pas en arrière” pour l’entreprise, a commenté lundi depuis la Nouvelle-Zélande le ministre néerlandais de l’Economie, Henk Kamp.

M. Kamp, qui participe actuellement a une visite d’Etat, estime que PostNL s’en sort bien toute seule, rapporte le Financieele Dagblad.

Les analystes se montrent également critiques quant au projet de fusion, affirme le quotidien économique. Ils pointent notamment le faible avantage en termes de coûts.

Bpost évoque de son côté la création d’emplois grâce à une accélération de la croissance dans la distribution de paquets. “Ce serait la première fusion qui entrainerait de nouveaux emplois”, réagit Andre Mulder de Kepler Cheuvreux.

PostNL a pris connaissance de l’offre de bpost

PostNL a pris connaissance dimanche soir de l’offre formulée par bpost. L’entreprise postale belge est disposée à proposer 2,5 milliards d’euros pour acquérir son homologue néerlandaise.

PostNL a fait savoir qu’elle réagira lundi lors de la diffusion de ses résultats trimestriels.

Il y a quelques jours, PostNL avait indiqué être “désagréablement surpris” par les intentions de bpost et ajouté croire en sa propre stratégie. En mai, une première tentative de rachat par bpost avait échoué.

Légère perte au dernier trimestre pour PostNL

La poste néerlandaise a enregistré au dernier trimestre une perte nette de 9 millions d’euros, principalement en raison de rachat d’obligations.

PostNL a fait état d’un chiffre d’affaires trimestriel de 770 millions d’euros, soit 1% de moins que sur la même période de l’année précédente. Le bénéfice opérationnel, corrigé des obligations de pension et des prévisions, a lui progressé de près de 20% à 27 millions d’euros.

PostNL s’en tient à son objectif de versement de dividendes à partir de l’année prochaine.

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