Boules de cristal: dans les coulisses du Val Saint Lambert (En images)

6 LA TAILLE Son schéma tracé, le maître tailleur se place face à sa meule au disque en permanence humidifié pour éviter le chauffement du cristal. Les meules, garnies de diamants, sont de deux types : celles qui ébauchent et font le gros du travail, et celles réservées à la taille de précision des sillons et angles. Une trentaine de meules de différents grains, calibres et arêtes sont ainsi à la disposition du tailleur, selon le relief désiré.

Economiquement fragilisée, la Cristallerie du Val Saint Lambert cherche un nouveau souffle. Depuis 2018, l’entrepreneur George Forrest et sa fille Rowena ont réveillé la belle endormie du Val. Avec des collections et un marketing renouvelés. Mais sans sacrifier son patrimoine et le savoir-faire manuel de ses artisans du cristal le plus pur, perpétué depuis deux siècles. Par Fernand Letist.

Réveiller le Val de cristal

Fondé en 1826, Val Saint Lambert a été une énorme ruche dont le miel s’appelait cristal. On y a tout taillé. Des pièces incroyables pour des tsars ou des maharadjas ont fait rayonner la Belgique dans le monde entier. Des services de verre et vases aux touches colorées ont élu domicile dans des milliers de foyers belges dont ils étaient les diamants du quotidien.

Il y a 100 ans, la presti-gieuse cristallerie était à son apogée avec 5.000 personnes (dont 700 tailleurs et polisseurs) produisant oeuvres et objets du plus pur cristal au coeur du site sérésien, véritable village dans la ville. Mais après 1945, la cristallerie a progressivement perdu de son brillant, de sa puissance économique, chahutée par l’évolution des goûts et une concurrence internationale mécanisée et agressive. L’aura du Val couve toujours dans le coeur des Belges mais son étoile commerciale a pâli.

Avec une succession de cinq repreneurs, les deux dernières décennies ont accentué le déclin. Mais le Val est toujours bien vivant : il relève actuellement la tête sous l’impulsion de l’entrepreneur George Forrest et de Rowena, sa fille styliste assumant la direction artistique. Sur le vaste site dépeuplé, une vingtaine d’employés et d’artisans, affichant souvent plusieurs décennies de maison restent les gardiens actifs et productifs du temple de cristal. Eric Delvaux, son chef designer, positive : ” La volonté est bien présente de renouveler l’offre, de revisiter d’anciennes collections et d’en créer de nouvelles plus contemporaines pour toucher un public plus jeune et redonner éclat et renommée à l’unique et mythique cristallerie belge. ” Presque bicentenaire, la cristallerie reste fidèle à un savoir-faire manuel inégalé mais est résolument tournée vers l’avenir. Pour connaître celui-ci, il suffit de souffler… la plus belle boule de cristal qui soit.

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