BlaBlaCar dit oui aux Ouibus, cédés par la SNCF

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En revendant les cars Ouibus à Blablacar, les chemins de fer français se débarrassent d’une filiale en forte perte. Et la start-up de covoiturage relance sa croissance en promettant une offre multimodale innovante. Une sortie par le haut ?

L’érosion du trafic TGV a longtemps été attribuée à l’essor du covoiturage en ligne. C’est donc une alliance bien surprenante que de voir BlaBlaCar, une des start-up les plus en vue dans l’Hexagone et leader dans le covoiturage, racheter sa concurrente Ouibus, la filiale d’autocars longs courriers de la SNCF.

L’opération est présentée comme une initiative de transport multimodal. Chacune des deux entreprises promet en effet de commercialiser l’offre de l’autre sur son site et dans son application. ” Pour offrir demain à nos voyageurs la possibilité d’aller de leur point de départ jusqu’à leur destination finale en combinant l’ensemble des modes de transport durables, dont le ferroviaire est la colonne vertébrale, précise Guillaume Pepy, CEO de la SNCF, dans le communiqué d’annonce. La SNCF souhaite lancer un ” assistant personnel de mobilité ” d’ici le printemps 2019 pour proposer un éventail de transports adaptés à chaque situation, basé sur des partenariats stratégiques avec d’autres opérateurs.

BlaBlaCar dit oui aux Ouibus, cédés par la SNCF

Une trop belle histoire ?

Voici donc une belle histoire, qui va dans le sens de la tendance à la multimodalité, en alternative au ” tout à l’auto “. Elle pourrait avoir des effets en Belgique, où BlaBlaCar et la SNCF (via Thalys) sont actifs.

” L’opération va surtout mettre fin à une situation intenable “, tempère un concurrent, Yvan Lefranc-Morin, patron de FlixBus France, qui voit aussi dans l’annonce d’un partenariat multimodal une opération d’habillage, de communication. ” Depuis sa naissance, Ouibus était en perte : la société était financée par les contribuables et cela perturbait le marché. ” Malgré ses 30 % de parts de marché dans l’Hexagone, Ouibus a perdu 165 millions d’euros depuis sa création en 2013, dont 36,4 millions rien qu’en 2017 (sur 55,3 millions d’euros de chiffre d’affaires).

BlaBaCar, de son côté, ne semble plus connaître la croissance d’antan sur le marché français. C’est la conséquence de l’arrivée des TGV low cost de la SNCF et de la féroce concurrence des ” cars Macron ” (les lignes longues distances ont été libéralisées en 2015), où ne subsistent que FlixBus, leader du marché, Transdev et un Ouibus revu et corrigé. L’acquisition vise manifestement à rebooster la croissance de BlaBlaCar, qui parle de con-clure des accords similaires dans les pays voisins. L’opération est accompagnée d’une augmentation de capital de 101 millions d’euros, à laquelle participe la SNCF.

Le mariage semble simple sur le papier mais prendra du temps en pratique. Il modifie le modèle économique de BlaBlaCar, basé jusqu’ici sur une commission touchée pour chaque covoiturage pour la mise en contact entre le chauffeur et les passagers. Opérer des autocars entraîne un risque de pertes si les trajets ne sont pas couverts par les recettes. C’est un autre business. L’enjeu est de rendre Ouibus enfin rentable. Pour y arriver, le réseau va subir une restructuration : 102 emplois devraient passer à la trappe, sur un total de 230.

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