Bierset: L’activité long-courrier de TNT est-elle menacée à Liège ?

DHL © Reuters

Le patron de l’aéroport de Liège, Luc Partoune, s’inquiète de la concurrence que DHL pourrait exercer au départ de Brussels Airport. Un accord avec Ethiopian Airlines permettrait à la compagnie de relier Bruxelles à Hong Kong, Dubai et Shanghai. La guéguerre des aéroports continue…

L’été n’est pas calme à l’aéroport de Bierset (Liege Airport). Son patron, Luc Partoune, a envoyé fin juillet une missive à la ministre de la Mobilité, Jacqueline Galant pour protester contre l’usage supposé abusif de nouveaux droits de trafic accordés à Ethiopian Airlines. Et ce, “pour opérer des vols entre Bruxelles et trois destinations opérées régulièrement par TNT Airways (Hong Kong, Shanghai, Dubaï)” indique le courrier. L’aéroport de Liège croit savoir que Ethiopian Airlines a un accord avec DHL qui pourra ainsi passer par la compagnie africaine pour desservir ces destinations lointaines.

Bras de fer sur les droits de trafic

Si Luc Partoune pense pouvoir faire intervenir Jacqueline Galant, c’est qu’il n’y pas de trafic libre pour une compagnie comme Ethiopian Airlines en Belgique. Les vols dépendent d’accords entre Etats. La Belgique a signé début juin un accord avec l’Ethiopie qui élargit les droits de trafics déjà consentis en ajoutant des vols dits de “5ème liberté”, c’est-à-dire des trajets qui ne passent pas par le pays de la compagnie, l’Ethiopie. Ethiopian Airlines peut organiser 21 vols full fret par semaine au départ de Bruxelles. En excluant une série de destinations, dont Hong Kong, Shanghai et Dubaï.

450 emplois menacés

Mauvaise surprise pour TNT : Ethiopian Airlines et son partenaire DHL ont malgré tout programmé des vols vers les trois villes précitées. En concurrence frontale avec TNT. En jouant sur le statut des vols : ils sont présentés comme étant des charters, aux règles plus souples, et non des vols réguliers , interdits par l’accord entre Etats. En réaction, l’aéroport de Liège et TNT Airways font le siège du cabinet Galant pour contester cette interprétation faite par Ethiopian Airlines et son partenaire DHL. Ils estiment qu’il s’agit de vols réguliers déguisés, exclus par l’accord. Avançant aussi les risques sur l’emploi des 450 personnes actives dans les activités de TNT long courrier, car TNT Airways dispose de lignes régulières sur ces trois destinations. “La pérennité de notre compagnie dépend du maintien de ces trois routes”, écrit le patron de TNT Airways, Lars Jordahn. Il rappelle que TNT est en plein rachat par Fedex, et que la filiale TNT Airways sera, dans ce cadre, revendue. “Pour être indépendants et viables, nous devons également conserver notre portefeuille de clients actuels” ajoute-t-il. Au fil de la lettre, il dramatise : “l’objet principal des activités long-courriers de TNT Airways serait tout simplement réduit à néant” écrit-il dans la dernière page.

Nouvel épisode dans ce bras de fer

Il s’agit d’un épisode nouveau dans le bras de fer qui oppose Brussels Airport aux aéroports wallons. DHL a annoncé des investissements à Zaventem. Le patron de TNT Airways met en avant la situation ambiguë du gouvernement dans le dossier, car l’Etat fédéral est actionnaire (minoritaire) de Brussels Airport et gère en même temps les droits de trafic. Il ajoute même dans son courrier que DHL aurait menacé de remettre en cause ses investissements si les droits de trafic n’étaient pas accordés à son partenaire, Ethiopian Airlines.

Pour l’aéroport de Liège le dossier est crucial : TNT est son premier client et ses finances sont difficiles. Sur un revenu (ventes et prestations) de 50 millions d’euros, 26 millions proviennent de subsides (2014), ce qui permet un bénéfice de 800.000 euros (net). Brussels Airport, lui, annonce 493 millions d’euros de ventes et prestations, à peine 80.000 euros de subsides. Et , tout de même, 86,5 millions d’euros de bénéfice net.

Robert van Apeldoorn

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