Bekaert paie des impôts… “mais lesquels ?”

© Image Globe/David Stockman

Bekaert a déclaré payer 128 millions d’euros d’impôts chaque année. Mais le groupe inclut dans la case “impôts” certains éléments qui ne devraient pas s’y trouver, estime le PTB. Et affirme ne pas réaliser de bénéfice en Belgique : “Faux !”, rétorque le parti de gauche.

Bekaert paie chaque année 128 millions d’euros d’impôts, cotisations sociales, précomptes sur dividendes et autres taxes en Belgique, précisait vendredi Katelijn Bohez, porte-parole de l’entreprise, en réaction aux propos du PTB qui affirmait que le groupe ne réglait pas le moindre centime d’impôt. Et ce, dans la foulée de l’annonce, par Bekaert, de la suppression de plusieurs centaines de postes en Belgique.

Au niveau du groupe, Bekaert a payé 139 millions d’euros, en 2011, d’impôts sur bénéfice dans plusieurs pays. “Si nous n’avons rien payé en Belgique, c’est parce que nous n’y avons pas réalisé de bénéfice”, précisait à nouveau Katelijn Bohez.

“Que Bekaert soit très costaud en comptabilité inventive, nous le savions déjà, mais que le groupe ait développé une nouvelle théorie économique prétendant que les coûts salariaux devenaient une sorte d’impôt, voilà qui est particulièrement novateur !”, s’insurge en réponse le PTB sur son site Internet. Le Parti du travail de Belgique liste plusieurs arguments qui, selon lui, contredisent les affirmations de Bekaert.

1. Bekaert paie “des impôts”… mais lesquels ?

Bekaert affirme payer des impôts en Belgique, soit “128 millions d’euros par an en impôts, précomptes mobiliers sur les dividendes, ONSS et contributions sociales de l’employeur, ainsi que toute une série d’autres taxes et cotisations”.

Absurde, rétorque le PTB : “Bekaert essaie ici de faire passer ses coûts salariaux pour une sorte d’impôt sur les bénéfices. C’est comme si vous refusiez de payer le boulanger parce que vous venez également d’acheter quelque chose chez le boucher. L’ONSS et les cotisations sociales de l’employeur ne sont absolument pas déduites des bénéfices, mais font partie des coûts salariaux. Le bénéfice, c’est ce qui reste quand vous déduisez tous les coûts du chiffre d’affaires. Et c’est ce bénéfice qui n’est pas imposé en Belgique.”

2. Les intérêts notionnels : stop ou encore ?

Le PTB persiste et signe : grâce à une “technologie fiscale de pointe”, la déduction de l’intérêt notionnel, le centre de coordination belge de la SA Bekaert bénéficie d’un avantage fiscal qui, pour la seule année 2010, s’élevait à 39.244.410 euros. “Notre société doit-elle continuer à accepter cela ?, prévient Raoul Hedebouw, porte-parole du parti de gauche. La déduction de l’intérêt notionnel a été introduite naguère pour stimuler l’emploi, pas pour liquider 600 postes de travail.”

3. Bénéfice ou pas en Belgique ? Et, partant, impôts ou pas ?

“Si Bekaert ne paie pas d’impôt en Belgique, c’est parce que Bekaert ne fait pas de bénéfice en Belgique”, indiquait sa porte-parole. Or, selon les comptes annuels déposés auprès de la Banque nationale de Belgique, “la SA belge Bekaert a réalisé exactement, en cinq ans, 124.640.172 euros de bénéfice”, précise le PTB.

Si l’on en croit les chiffres du Trends Top , on arrive à un bénéfice total légèrement plus important : 132.474.278 euros pour les cinq exercices 2006-2010. Soit, année par année :

Bénéfice exercice 2010 : 4.759.842

Bénéfice exercice 2009 : 39.364.770

Bénéfice exercice 2008 : -58.586.287

Bénéfice exercice 2007 : 86.768.327

Bénéfice exercice 2006 : 60.167.626

Par ailleurs, Bekaert déclare payer des impôts à l’étranger et des cotisations à la Sécurité sociale. La question n’est pas là, reprend Raoul Hedebouw : “Sur les bénéfices de société qui ont été réalisés ces cinq dernières années par les sites belges de la SA Bekaert, cette dernière a payé 0,0 euro d’impôt des sociétés. Cette affirmation n’est pas réfutée par Bekaert. Ce serait également impossible, car tous les chiffres que nous utilisons figurent noir sur blanc dans le calcul des résultats que la SA Bekaert à déposés elle-même à la Banque nationale.”

Trends.be

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