Auto: “les gens renoncent à acheter des occasions, car elles sont trop chères”

Vincent Hancart, CEO du site AutoScout24 en Belgique. © D.R.
Robert Van Apeldoorn
Robert Van Apeldoorn Journaliste Trends-Tendances

Vincent Hancart, CEO du site AutoScout24 en Belgique, s’inquiète de l’évolution du marché de l’auto d’occasion, où les prix ont augmenté de 22,3% en un an.

Le site AutoScout24 constitue un point d’observation assez fiable du marché automobile. Il publie environ 90.000 annonces en Belgique, de particuliers et de marchands, et est très représentatif des tendances de l’occasion. Il appartient au groupe allemand Scout24.

Que disent les derniers chiffres sur le marché de l’occasion est-ce que l’offre est toujours réduite, et les prix en hausse ?

Vincent Hancart, AutoScout24. Ils ne sont pas brillants. Par rapport à 2021, qui était une année plutôt euphorique, de rattrapage, on est bien en deçà. C’est le cas dans la plupart des pays européens. Par rapport aux chiffres officiels de 2019, qui sont la référence pour un marché normal, précovid, nous étions, en volume, à -7,6%, sur les sept premiers mois de l’année. Cela montre un phénomène fondamental : non seulement les gens ne trouvent pas de voitures neuves, mais ils renoncent à acheter des occasions, car elles sont trop chères. La crise impacte les consommateurs qui postposent leur achat.

La guerre en Ukraine a -t-elle eu un impact ?

Elle a eu des conséquences sur les voitures neuves, et aussi sur l’inflation, le coût des carburants. Le prix des voitures est très élevé, stable maintenant, mais élevé. En juillet, le prix moyen des annonces sur AutoScout24, par rapport à juillet 2021, a augmenté de +22,3%. C’est énorme. Le prix moyen des annonces sur le site AutoScout24 est de 24.181 euros en août, à peu près le même niveau qu’en juillet. On voit que la demande s’effrite, ce qui aurait pu faire reculer les prix. Mais nous ne le constatons pas. Il y a un blocage. Nous ne savons pas si nous sommes dans un nouvel équilibre ou si, à un moment donné, les prix finiront par reculer, ce qui aurait des conséquences positives pour les consommateurs, mais très négatives pour les professionnels. Ils ont acheté des autos chères. Si les prix descendent, ils devront absorber cela dans leur marge. Nous avons pas mal de clients annonceurs inquiets. Ce serait donc une bonne nouvelle pour les consommateurs et une mauvaise pour le commerçant, en particulier les petits marchands qui ne pourraient pas absorber cette transition en termes de prix.

Surtout qu’apparemment les marges n’augmentent pas…

Oui, j’ai eu le même écho. Certains marchands disent même que leurs marges ont diminué. Leur problème est l’approvisionnement. Les marchands n’arrivent pas à trouver des véhicules à des prix corrects, cela fait pression sur les marges. Nous essayons de communiquer à nos clients les tendances pour qu’ils puissent réagir en cas de chute des prix.

Le taux de rotation des autos a-t-il changé ?

Oui. En 2021 on a fait plus de transactions avec moins de stock. On est passé de début 2021 de 2,5 mois en moyenne à 2 mois de rotation actuellement. Il y a des disparités. Ceux qui vendent des autos bon marché se vendent très vite, la rotation se fait en quelques semaines. D’autres clients prennent plus de temps pour maintenir la marge.

Pas assez d’autos électriques de seconde main

Quel impact pour le site AutoScout24 ?

-Quand les offres sur le marché diminuent, le nombre d’annonces recule, nous gagnons donc un peu moins. Nous nous sommes adaptés. En 2021, nos clients vendaient plus, c’était bien pour nous. En 2022, les clients font moins de transactions, mais à un prix plus élevé.

Au sujet des voitures électriques, la plupart des particuliers achètent leur auto en seconde main, est-ce qu’il y a vraiment une offre dans l’occasion ? J’ai l’impression qu’il n’y a pas grand-chose, à des prix parfois énormes…

Il y a 1558 offres électriques(cela peut varier tous les jours NDLR) sur le site AutoScout24 sur un total de 90.000 annonces, c’est encore marginal. La plupart de ces annonces portent sur des autos récentes, si pas neuves.

Effectivement, j’ai vu des annonces de grandes BMW à plus de 90.000 euros, très récentes. Mais les offres pour le grand public à prix accessibles sont peu nombreuses.

Oui… Nous ne connaissons pas encore bien le comportement du consommateur sur l’utilisation des autos. Nous avons constaté, par exemple, que les Toyota hybrides étaient gardées longtemps par leur propriétaire, et étaient relativement peu disponibles en occasion. C’est le marché du fleet qui devrait alimenter le marché de l’occasion électrique. On va les voir arriver en nombre d’ici 2 ou 3 ans. Actuellement il y a beaucoup de voitures très récentes de concessionnaires. A l’autre bout du spectre, il y des électriques plus anciennes, des Tesla, des BMW i3, des Renault Zoé. Il y a quelques années elles étaient très bon marché, car personne ne les achetait, ou n’osait les acheter. Mais ça change.

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