Après le choc du rachat par Total, quel avenir pour Lampiris ?

© Montage Reuters/DR

Le rachat de Lampiris par Total crée des remous. Le distributeur d’énergie avait misé sur les énergies vertes et attiré ainsi plus de 800.000 clients. Il avait vanté son indépendance et certains clients n’apprécient pas du tout son absorption par un pétrolier.

“Je pense donc à changer de fournisseur.” C’est l’une des réactions publiées sur Facebook, en l’occurrence celle d’Evelyne Huytebroeck, députée Ecolo à la Région de Bruxelles-Capitale, suite à l’annonce du rachat de Lampiris par Total. Le rachat provoque une forte déception. Le groupe français paie entre 150 et 200 millions d’euros pour absorber le distributeur liégeois d’électricité et de gaz.

Une image verte et 100% belge écornée

Le choc est à la mesure de l’image “verte” que Lampiris a toujours défendue. Fondé en 2003 par Bruno Venanzi et Bruno Vanderschueren, Lampiris a prospéré sur ce positionnement, multipliant les déclarations comme “nous privilégions une production d’électricité 100% verte proche du lieu de consommation”, “notre entreprise à taille humaine nous permet d’établir et de garder, de façon durable, des relations privilégiées avec nos clients et nos producteurs”, et ainsi de suite (voir le site web). Il a mis en avant son indépendance et son caractère purement belge. Tous ces arguments ont permis d’attirer plus de 800.000 clients. Lampiris affichait un chiffre d’affaires consolidé de 1,7 milliard d’euros en 2015 (exercice de 9 mois), avec toutefois une perte de 15 millions d’euros.

Total: un passé difficile et une stratégie verte pour le futur

L’opération est difficile à “vendre” aux clients plutôt écolos, car Total n’est pas précisément une entreprise à la réputation très verte. C’est fondamentalement un pétrolier, à qui colle encore la tache du naufrage de l’Erika en 1999 et de la marée noire qui avait touché la Bretagne. Il avait été condamné pour cela en 2012. Aujourd’hui Total cherche à se développer dans les énergies renouvelables. L’opération Lampiris constitue une étape dans cette stratégie, entamée avec des participations minoritaires dans des centrales à gaz en Thaïlande et au Nigeria. Il a racheté une part majoritaire d’un fabricant américain de panneaux solaires, Sunpower. Le CEO de Total, Patrick Pouyanné, vise d’ici 2035 une part de 20% d’énergie renouvelable dans sa production.

Pour toutes ces raisons, il y a peu de chances que la stratégie de Lampiris soit modifiée, il restera un fournisseur d’énergie verte. C’est à la fois l’intérêt de Total et de Lampiris: les clients ne devraient donc pas avoir de surprise. Lampiris assure que la marque et la politique ne changeront pas. Cela n’empêche pas, bien sûr, de se poser des questions. La concurrence dans l’électricité verte pourrait tirer parti du trouble qui touche certains clients. Les élus Ecolo font à présent pas mal de publicité pour le classement de Greenpeace, qui sera mis à jour en septembre prochain, pour présenter les alternatives à Lampiris. Ce dernier devra s’efforcer d’y figurer en bonne position pour convaincre ses clients dubitatifs…

Les deux grands bénéficiaires de l’opération

La mise en vente de Lampiris n’était pas un secret. Les fondateurs cherchaient depuis fin 2015 un acquéreur avec les moyens de continuer le développement de l’entreprise, en particulier à l’international (Lampiris est actif en France). Nethys s’était penché sur le dossier, finalement c’est Total qui a signé.

Les grands gagnants de l’opération sont les fondateurs. Bruno Venanzi et Bruno Verschueren devraient, sur base des chiffres annoncés, recevoir chacun environ 50 millions d’euros. Et peut-être, indirectement, le club du Standard à Liège, dont Bruno Venanzi est propriétaire.

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