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Annulations de vols : une bonne affaire pour les compagnies aériennes

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

L’une des raisons qui me font aimer l’économie et le business, c’est qu’à chaque fois que l’on croit que l’on a compris quelque chose, on se rend compte que la réalité est plus complexe.

Suivre l’actualité économique, comme je le fais chaque jour, est une leçon d’humilité répétée. Prenez les annulations de vols de certaines compagnies aériennes. Je suis exactement comme certains d’entre vous. Je dois prendre l’avion bientôt et je découvre que mon vol est sous la menace d’une grève. Bien entendu, même si je ne me réjouis pas d’annuler ou de changer de vol, je me dis que c’est de bonne guerre. Les pilotes sont en position de force, c’est maintenant ou jamais, s’ils peuvent faire plier la direction de ses compagnies aériennes pour obtenir gain de cause dans leurs revendications. Oui, sauf que ces compagnies aériennes résistent plutôt bien à ces revendications. En réalité, une étude d’Allianz Trade démontre que les vols annulés pourraient devenir la norme en Europe. Et cela, pour la simple raison que les compagnies aériennes n’ont pas trop intérêt à résoudre les problèmes de pénuries de personnel à court terme en augmentant les salaires.

En entendant ce raisonnement, on peut se dire que ces compagnies aériennes vont se tirer une balle dans les pieds, car c’est intenable. Pas du tout, selon l’étude d’Allianz Trade. “Annuler des vols serait plus rentable que de satisfaire les demandes de revalorisation salariale du personnel”. Ce qui porte ce raisonnement étonnant, c’est, primo, le fait que le coût du personnel dans le coût de transport est plus élevé en Europe que partout ailleurs. Ce coût du personnel est de 25% en moyenne du coût total contre 19% au niveau mondial. Mais surtout, la vraie raison, c’est que ces annulations font grimper le prix moyen des billets, car la demande est forte.

N’oubliez pas qu’aujourd’hui les citoyens partent à l’étranger pas seulement parce qu’ils sont fatigués, mais surtout parce qu’ils veulent se déconnecter. Avec le numérique qui est devenu un véritable fil à la patte, tout le monde a besoin d’une cure de détox numérique. Regardez les messages automatiques d’absence des collègues de bureau : ils écrivent tous ou presque que là où ils seront, il sera difficile de les joindre, qu’ils n’auront pas toujours accès à leurs mails… Bref, vous l’avez compris, nos compatriotes quand ils partent en vacances, ce n’est pas dans le pourtour méditerranéen comme vous pourriez l’imaginer, mais dans des contrées très lointaines, sauvages et forcément coupées de la civilisation et surtout d’internet. C’est donc cette soif absolue de changement qui permet aux compagnies aériennes de préférer annuler des vols que de succomber en tout ou partie aux revendications de leurs personnels.

Je me demande ce que vont penser les pilotes de cette chronique eux qui n’ont pas cessé depuis le printemps de remettre une pièce dans le Juke Box des plaintes ?

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