2019 est une année noire pour de nombreux apiculteurs européens, notamment les Français et les Italiens, qui évoquent la pire récolte de leur histoire, à cause des aléas climatiques. En Wallonie, la situation est loin d’être aussi dramatique.
En Italie, le principal syndicat agricole, la Coldiretti, fait état d’une “année noire”, avec “une récole quasiment divisée par deux” par rapport aux 23.300 tonnes collectées en 2018. En France, la récolte “devrait être la plus mauvaise des annales”, estime également l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf): “moins de 9.000 tonnes”, soit quasiment quatre fois moins que dans les années 1990.
Après 30.000 tonnes de miel récoltées en 2018, un record ayant fait de la Roumanie la “championne” européenne, la production devrait être “inférieure à la moyenne (de 25.000 tonnes) de ces dernières années”, a déclaré à l’AFP Constantin Dobrescu, vice-président de l’association Romapis. Et en Espagne, premier pays devant la Roumanie en nombre de ruches, la récolte est en berne depuis 2015.
Les causes invoquées pour cette chute en Italie: “l’évolution anormale du climat”, entre grêles, tempêtes, trombes d’eau, vent et vagues de chaleur. Une météo particulièrement capricieuse et défavorable est aussi invoquée dans l’Hexagone.
La Wallonie échappe pour le moment à ce tableau particulièrement sombre. “La récolte a été très bonne en Belgique, en particulier dans les Ardennes, où la canicule est tombée au meilleur moment de la floraison. Cette année est moins bonne que la précédente, certes, mais reste nettement au-dessus de la moyenne”, s’étonne Henry Nolf, le président de Promiel, une ASBL qui regroupe une vingtaine d’apiculteurs amateurs en Wallonie. Si la Wallonie ne compte qu’une poignée d’apiculteurs professionnels, on estime à plusieurs milliers le nombre d’amateurs.
“En Belgique, on fait en moyenne, bon an mal an, 10 à 15 kg de miel par ruche. L’année passée on était à 40 kg et cette année on est à 25-30 kg à la ruche, avec des rendements très importants en Ardenne”, estime Henry Nolf, qui possède des ruches dans la région d’Enghien et en France.
Par contre, l’acarien parasite varroa reste une réelle menace pour les ruches. Il affaiblit les abeilles qui peuvent par la suite succomber des suites d’un virus par exemple.
Quant au frelon asiatique, qui apparaît sous nos latitudes avec le réchauffement climatique et s’attaque aux abeilles, il ne représente pas encore à l’heure actuelle un problème majeur. “L’infestation des frelons reste encore fort limitée mais s’ils se développaient, on assisterait à plus de dégâts”, poursuit Henry Nolf. Toutefois, les abeilles apprennent, semble-t-il, à se défendre. “J’ai déjà vu une vidéo d’abeilles qui attaquaient un frelon. Elles se mettaient tout autour, en boule, pour l’étouffer. Les abeilles commencent à connaître le frelon asiatique. La nature est vraiment étonnante.”
Alors que leur production chute, les apiculteurs français et espagnols tirent la sonnette d’alarme vis-à-vis des importations massives de miel chinois – accusé d’être “adultéré”, coupé par exemple avec du sirop -, aucune législation européenne n’oblige les producteurs à préciser la provenance du miel. S’affiche ainsi sur les étiquettes “mélange de miels originaires et non originaires de la Communauté européenne”, alors même que le produit peut contenir 99% de miel chinois et seulement 1% de miel français.
A la faveur d’un été 2018 particulièrement chaud, l’apiculture a connu un regain d’intérêt en Norvège et en Suède, même si elle reste une activité marginale.
Selon l’Association norvégienne des apiculteurs, qui compte désormais 4.000 membres contre 2.500 il y a quelques années, la production tourne autour de 1.300 tonnes, loin de satisfaire le marché local.
Au Danemark, où 2018 a été marqué par une hausse de la production, la gageure est là aussi le concurrence des miels étrangers qui coûtent moins cher.