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Amazon n’est pas l’ennemi public numéro 1 des commerces!

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

En fin de semaine, j’ai toujours envie de faire le bilan. Ce qui m’a frappé cette semaine, ce sont les propos du gouverneur de notre Banque nationale de Belgique. Selon lui, un des points faibles de notre économie, c’est l’e-commerce…

Selon le gouverneur de la Banque nationale de Belgique, un des points faibles de notre économie, c’est l’e-commerce… et donc le retard de la digitalisation de nos PME et de nos TPE notamment du côté francophone.

C’est vrai que le confinement a permis à pas mal d’entreprises de rattraper leur retard en la matière, mais beaucoup trop reste encore à faire. Quand je pense aux propos de notre gouverneur, je ne peux m’empêcher de penser à une librairie dans une commune a facilité autour de BXL et où il m’arrive régulièrement d’aller le weekend. Le libraire en question a une affiche sur sa devanture indiquant qu’il faut le soutenir, qu’il n’y pas qu’Amazon et que – eux aussi – peuvent vous commander un livre sur le Net s’il n’est pas disponible.

Oui, sauf que cette affiche est là depuis des années, et qu’aujourd’hui encore, lorsque j’achète des journaux, magazines et livres, et que je demande une facture, je dois remplir une fiche à la main pour avoir la facture la semaine suivante si tout va bien ! En dix mois de confinement ou presque, cette petite librairie (dans une commune très riche) n’a pas pris la peine d’investir un minimum pour se moderniser… Ce sont les mêmes qui critiquent Amazon, car comme pour toutes les crises il faut se trouver un ennemi. Et en 2020, pour beaucoup de commerces, cet ennemi c’est Amazon.

Sauf qu’on oublie de dire que ce n’est pas Amazon, qui a accordé des permis de bâtir pour les centres commerciaux, qui ont dévasté les commerces du centre-ville. Si le centre d’une ville comme Mons est dévasté, ce n’est pas la faute d’Amazon, mais du centre commercial des Grands Prés. Si Amazon se porte si bien, ce n’est pas non plus parce que Jeff Bezos a choisi lui-même quels étaient les commerces essentiels et non essentiels, c’est bien une décision politique, peut-être pas toujours fondée comme on a pu le voir avec l’épisode de notre ministre de la Santé et de son fameux électrochoc. D’ailleurs, nous sommes le seul pays, où sa démission n’a pas été demandée ou discutée et où on est passé à autre chose en moins de 48 heures ! Quant à Amazon, gardons à l’esprit que son patron a une vue à long terme. Il se moque des critiques car ce n’est pas un héritier, c’est un vrai self made man : Amazon, c’est lui qui l’a fondée sur une intuition et sans l’aide de personne.

D’ailleurs qui sait qu’Amazon perd encore de l’argent avec ses livraisons dans le monde entier, sauf aux Etats-Unis ? En réalité, Amazon gagne de l’argent, beaucoup d’argent, non pas avec ses livraisons, mais avec son service d’informatique dans le cloud : Amazon Web Service est la vraie poule aux oeufs d’or pour Amazon. C’est encore plus dangereux que les livraisons car ce service met l’indépendance informatique de l’Europe en danger. Mais qui en parle ?

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