Air Force One, le gouffre financier de Boeing

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Donald Trump avait commandé de nouveaux avions Air Force One lorsqu’il était à la présidence des Etats-Unis, mais le coût de cette démesure est désormais hors de contrôle. A cause du contrat fixe, le gouvernement américain n’a pas à les payer et cela a déjà coûté près de 2 milliards à Boeing.

D’une superficie de plus de 370 mètres carrés, l’Air Force One peut accueillir une salle de conférence, une cuisine d’une capacité de 100 couverts et une salle d’hôpital. Les deux nouveaux gros-porteurs, des Boeing 747-8, qui lui succéderont seront, eux aussi, des avions hors norme. Le gouvernement américain avait convenu avec Boeing d’un coût total et surtout fixe de 3,9 milliards de dollars.

Mais il semblerait que Joe Biden, l’actuel président américain, devra se contenter du “vieil” Air Force One (l’avion a plus de 30 ans) pendant encore un certain temps. Pour cause, les nouveaux avions seront livrés avec du retard (il est question de fin 2026), suite à des problèmes rencontrés par Boeing après la signature du contrat, et pour un montant final beaucoup plus élevé que les 3,9 milliards de dollars initialement prévus. C’est ici que cela devient particulièrement ennuyeux pour Boeing car selon le contrat renégocié, et finalement conclu sous la présidence de Donald Trump, tous les coûts supplémentaires seront à la charge du fabricant.

Chronologie du contrat

Fin 2016, avant même de devenir président, Trump avait tiré la sonnette d’alarme : “Boeing construit un tout nouveau 747 Air Force One, mais les coûts s’envolent. Annulez la commande ! Nous voulons que Boeing gagne beaucoup d’argent, mais pas autant d’argent.”

Le PDG de Boeing, Dennis Muilenburg, avait alors promis les avions pour pour un budget moindre. Début 2018, l’administration Trump attribuait le contrat pour les deux Jumbos à Boeing et ce pour un montant fixe de 3,9 milliards de dollars, soit à peine moins que les 4 milliards de dollars de la première commande jugée trop onéreuse.

Le fait qu’un prix fixe ait été convenu n’est pas inhabituel, estime l’analyste Richard Aboulafia. Il ne s’agissait pas de développer un avion de combat équipé d’une nouvelle et coûteuse technologie, mais d’un projet relativement simple. Aboulafia considère que le prix convenu alors était raisonnable.

Mauvaise excuse !

Mais le fournisseur voit les choses différemment. Le contrat comporte “un ensemble unique de risques que Boeing n’aurait probablement pas dû prendre”, s’est plaint le PDG Dave Calhoun au printemps de cette année. Selon Boeing, le fait qu’il ait déjà perdu près de 2 milliards de dollars sur ce contrat est dû à des facteurs indépendants de sa volonté : crise du covid, inflation, problèmes de livraison, défis techniques et pénurie de travailleurs.

Une excuse boiteuse, dit Aboulafia. Selon lui, la direction de Boeing devrait rechercher la faute dans “sa propre incompétence”. Le constructeur d’avions a trois problèmes, selon lui. Premièrement, Boeing traite ses fournisseurs comme des “ennemis”. Deuxièmement, les mauvaises nouvelles n’atteignent pas le sommet. Troisièmement, Boeing, déficitaire, se réfugie dans la réduction des coûts, obtenant ainsi le contraire de ce qu’il souhaite.

Boeing estime cependant être sur la bonne voie. Selon le Wall Street Journal, l’avionneur espère que le gouvernement américain injectera 500 millions de dollars supplémentaires. Ce dernier a intérêt à ce que la construction se poursuive car l’entretien des vieux appareils coûte cher, des millions de dollars.

Pendant ce temps, Joe Biden a refusé une option demandée par son prédécesseur. Trump voulait remplacer la bande bleue de l’Air Force One en repeignant complètement le ventre de l’avion en bleu foncé avec des garnitures rouges et blanches. Cela ressemblait étrangement à son jet privé… “Trop cher”, a décidé la Maison Blanche et le projet a été abandonné.

(Sources: Trends – Der Spiegel)

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