AB InBev: comment une petite brasserie belge du 14e est devenue leader mondial de la bière

© Reuters

La reprise de SAB Miller constitue pour AB InBev le point d’orgue de sa riche histoire, émaillée de reprises et de fusions. Tout avait pourtant commencé au 14e siècle avec la brasserie Den Hoorn. Aujourd’hui, le numéro un mondial vient d’absorber son plus grand concurrent dans le secteur de la bière.

A lire aussi: Fusion AB InBev/SAB Miller: feu vert des actionnaires minoritaires de SAB Miller

Le premier enregistrement de la brasserie Den Hoorn remonte au 14e siècle, à Louvain. Celle-ci sera à la base de la brasserie Artois, née au 18e siècle, qui, en 1987, fusionnera avec Piedboeuf, installée à Liège, afin de donner naissance au groupe Interbrew. C’est Piedboeuf qui avait lancé la marque Jupiler en 1966.

En 1989 et 1990, Interbrew a ensuite repris Hoegaarden et Belle-Vue. Durant la décennie qui suit, le groupe belge décide alors de s’exporter à l’international via différentes reprises. La plus importante d’entre elles a lieu en 1995, avec l’acquisition de l’un des plus grands brasseurs canadiens, John Labatt Limited. Au début des années 2000, Interbrew fait figure d’acteur de plus en plus incontournable et pesant davantage sur la scène internationale. C’est le moment choisi pour faire entrer le groupe en Bourse. Cette introduction sera d’ailleurs la plus importante opération du genre pour la bourse bruxelloise.

En 2004, le groupe brassicole belge fusionne avec son concurrent brésilien AmBev. InBev, dont le siège principal demeure à Louvain, devient le numéro un mondial de la bière.

Quatre ans plus tard, c’est ensuite l’Américain Anheuser-Busch, notamment connu pour la bière Budweiser, que parvient à intégrer en son sein InBev. Le nouveau groupe, devenu Anheuser-Busch InBev (AB InBev), continuera ses emplettes en 2012 avec la reprise du groupe mexicain Grupo Modelo, auquel appartient, entre autres, la bière Corona.

Enfin, en octobre dernier, le numéro un mondial du secteur lance une première offre formelle, de 42,15 livres par action en cash, sur SABMiller. Après plusieurs refus et hausses du montant de l’offre, le brasseur britannique et sud-africain, à qui appartiennent notamment Foster’s, Miller et Dorada, change finalement d’avis en juillet dernier lorsque 45 livres par action lui sont proposés. Ce qui le valorise à hauteur de 79 milliards de livres (91,6 milliards d’euros).

Afin d’obtenir les accords des diverses autorités de régulation, AB InBev doit toutefois céder ou s’engager à céder de nombreuses activités de la future entité fusionnée, comme les marques Peroni et Grolsch de SABMiller au brasseur japonais Asahi. Il annonce aussi vouloir se défaire d’actifs en Europe centrale et orientale, où SABMiller est propriétaire entre autres de la tchèque Pilsner Urquell. AB InBev accepte, en outre, de vendre la participation de 49% de SABMiller dans Snow Breweries – le plus important producteur de bière en Chine.

Malgré cette fusion, approuvée très largement mercredi, la nouvelle entité, qui verra officiellement le jour le 10 octobre, conservera finalement le nom d’AB InBev, SABMiller disparaissant dès lors totalement du paysage. Avec un chiffre d’affaires pro forma d’environ 55 milliards de dollars, elle représentera près de 30% du marché mondial de la bière. Et AB InBev mettra pour la première fois le pied sur le continent africain. Carlos Brito, CEO du numéro un mondial de la bière, le considère d’ailleurs comme un marché de croissance plus important encore que l’Europe.

Quelque 5.500 emplois à travers le monde seront cependant supprimés sur une période de trois ans au sein de la nouvelle structure. AB InBev emploie “150.000 collaborateurs basés dans 26 pays” selon son dernier rapport financier. Son ancien concurrent britannique compte, quant à lui, environ “70.000 employés dans plus de 80 pays” d’après son site internet.

Partner Content