50 ans après “Apollo 11”, l’exploration lunaire suscite un regain d’intérêt

Le vaisseau chinois "Chang'e 4" a décollé le 8 décembre dernier, il s'est posé sans encombre ce jeudi 3 janvier sur la face cachée de la Lune. © Belgaimage

Cinquante ans après “Apollo 11”, trois vaisseaux spatiaux devraient retourner sur la Lune.

Quand, en 1969, Neil Armstrong a laissé la première trace de pas sur la surface de la Lune, pour certains, tout semblait désormais possible. Tout, excepté ce qui s’est passé ensuite. Après quelques voyages sur la Lune, les Etats-Unis, fiers d’avoir montré qu’ils pouvaient faire ce dont aucun autre pays n’était capable, ont pourtant choisi d’allouer leurs ressources à d’autres priorités. Ils ont changé leur fusil d’épaule alors qu’ils étaient en tête de la course.

Et personne n’a repris le flambeau. Aujourd’hui comme en 1969, seule une poignée d’hommes américains blancs a eu la chance de voir la Terre entière, éclatante, magnifique, depuis le ciel lunaire, et seuls quatre de ces hommes sont toujours en vie. Mais de jeunes femmes et hommes de différents pays du monde pourraient bientôt leur emboîter le pas.

Notamment parce que la Lune, ce corps céleste vide et dépourvu d’atmosphère, est aujourd’hui plus séduisante qu’elle ne l’était au temps d’ Apollo. En effet, ces 20 dernières années, on a découvert de la glace et d’autres composés volatils sur ses pôles, ce qui faciliterait grandement l’installation de bases lunaires, voire l’approvisionnement de navettes en carburant si tant est que l’on veuille tenter l’aventure.

Mais le développement du savoir-faire spatial dans de nouveaux pays, l’accroissement de l’intérêt du secteur privé et les nouvelles approches de certains gouvernements jouent un rôle tout aussi important dans le regain d’intérêt pour l’exploration lunaire que les ressources naturelles de l’astre, et sans doute même plus.

Sur la face cachée

Ces derniers mois, trois vaisseaux spatiaux ont annoncé leur intention de s’élancer en direction du satellite terrestre.

Le projet le plus ambitieux est celui de la Chine, Chang’e 4, qui a décollé le 8 décembre dernier. Le module d’exploration s’est posé sans encombre ce jeudi 3 janvier sur la Lune, a rapporté l’agence Chine nouvelle. C’est le deuxième atterrisseur chinois de ce type et c’est la première fois qu’un pays réussir à atterrir sur la face cachée de la Lune. Sans le dire ouvertement, la Chine a fortement laissé entendre qu’elle comptait également y envoyer des humains, peut-être dans les années 2030.

La sonde indienne Chandrayaan-2 devait décoller en octobre, mais le décollage a été postposé. L’organisation indienne de recherche spatiale (Isro) a annoncé qu’elle ne lancerait pas sa mission lunaire le 3 janvier, comme annoncé précédemment. Il s’agit de la deuxième mission lunaire de l’Inde et la première tentative d’alunissage contrôlé.

Quant au troisième vaisseau spatial à destination de la Lune, il accomplira non seulement la première mission israélienne, mais aussi la première mission lunaire du monde qui ne soit pas dirigée par un gouvernement – une première des plus significatives. Même si l’atterrisseur Sparrow est partiellement financé par l’agence spatiale israélienne, une grande partie des fonds provient de dons, et la mission est dirigée par l’organisation à but non lucratif SpaceIL.

Cette agence a été créée pour participer au concours Google Lunar X Prize, ouvert en 2007 : Google offrait 20 millions de dollars à la première équipe qui réussirait (avant 2018) à envoyer un robot sur la Lune et à transmettre vers la Terre des vidéos HD. Le concours n’a jamais été remporté, et Google a retiré le prix en jeu au début de l’année. Mais certaines équipes qu’elle a aiguillonnées continuent de plancher sur le projet. Outre SpaceIL, l’agence ispace, au Japon, prévoit d’envoyer un engin sur le satellite terrestre en 2020. Aux Etats-Unis, Moon Express et Astrobotic espèrent décrocher de nouveaux financements de la Nasa en 2019.

50 ans après
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Envoi de matériel

Dans les années 2020, l’agence spatiale américaine entend faire pour la Lune ce qu’elle a fait pour l’orbite terrestre basse dans les années 2010 : stimuler l’activité du secteur privé pour envoyer du matériel dans l’espace. Dans ce cadre, elle subventionne le développement de technologies et signe des contrats de transport de fret vers la Station spatiale internationale. Ses subventions comme ses contrats sont des éléments cruciaux dans le développement de SpaceX, la société de lanceurs fondée par le patron de Tesla, Elon Musk, qui domine à présent le marché du lancement spatial.

D’autres sociétés comme Astrobotic et Moon Express se disputent aujourd’hui les subventions de la Nasa pour améliorer leurs technologies d’alunissage. Elles en feront bientôt autant pour ses contrats de transport de matériel scientifique jusqu’à la surface de la Lune. Toutes deux espèrent mener à bien de telles missions en 2020. La Nasa cherche également à se procurer auprès du secteur privé le premier module d’une nouvelle station spatiale, du nom de Gateway. Celle-ci restera en orbite entre la Terre et la Lune et permettra aux astronautes de contrôler des robots à distance et de descendre eux-mêmes sur la surface lunaire.

Ces nouvelles possibilités ne séduisent pas uniquement les gouvernements. Un milliardaire japonais du secteur textile, Yusaku Maezawa, a passé un contrat avec SpaceX pour réaliser un vol touristique autour de la Lune en compagnie d’une équipe de huit artistes ; ce vol doit se faire, peut-être dès 2023, dans un des vaisseaux que la société est en train de développer pour mener des missions sur Mars. Il se peut que d’autres personnes aient envie d’entreprendre de tels vols, voire de descendre jusque sur la surface de Lune, ce qu’elles devraient pouvoir réaliser sans grand problème.

Dans le discours qu’il a tenu aux premiers jours du programme Apollo, le président John Fitzgerald Kennedy a dit que les Etats-Unis relevaient un défi comme celui de l’exploration lunaire ” non parce qu’il était facile, mais parce qu’il était difficile “. Et il le reste. Mais, avec le secteur spatial d’aujourd’hui, plus développé et plus compétent, l’exploration de la Lune est une aventure plus facile qu’autrefois. Ces progrès et la passion de quelques individus inciteront peut-être l’homme à relever une nouvelle fois ce défi.

Par Oliver Morton.

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