La question qu’osent poser certains économistes est : pourquoi les Etats très endettés ne font-ils pas comme General Motors ?
Le mois de novembre a été mauvais sur le plan boursier car les marchés financiers, obsédés par le montant des dettes publiques, ont peur. Cette obsession de la dette publique est logique, quelque part. Les Etats, en Europe comme aux Etats-Unis, ont largement payé la facture de la crise financière. Ce sont les Etats qui ont organisé des plans de relance ; ce sont eux qui ont volé au secours de leurs banques ; ce sont eux encore qui, à cause de la crise, ont encaissé beaucoup moins d’impôts.
Le résultat est clair : en sauvant les banques et les Etats européens au bord de la faillite, nos dirigeants ont d’abord cherché à préserver le système bancaire. En agissant ainsi, ils ont en quelque sorte choisi de faire payer le contribuable – autrement dit, nous tous – demain plutôt que de faire perdre de l’argent à l’épargnant aujourd’hui.
La question qu’osent poser certains économistes est : pourquoi les Etats très endettés ne font-ils pas comme General Motors ? Souvenez-vous. Au bord de la faillite, GM s’est mis en concordat, le fameux Chapter 11. Cette procédure judiciaire place son utilisateur à l’abri de ses créanciers. Le constructeur automobile a donc pu reprendre des forces en mettant sur le carreau ses créanciers, une bonne partie de ses fournisseurs et la quasi-totalité de ses actionnaires, y compris les salariés de la firme qui possédaient des actions GM. Tous ces gens ont été ruinés ou presque. General Motors, lui, a pu être sauvé et repartir en Bourse voici quelques jours à peine.
L’idée serait de faire la même chose avec certains Etats : leur permettre de ne rembourser qu’une partie de leur dette car, dans le cas contraire, ils resteraient embourbés dans des plans d’austérité qui, in fine, ne font qu’aggraver leur dette publique.
Cette idée, séduisante pour certains économistes, est pour l’instant exclue. Les banques s’y opposent fermement car elles ont dans leur portefeuille pour des milliards d’obligations d’Etat. Après avoir été sauvées une première fois par les Etats, puis après s’être “sucrées” en partie sur le dos de certaines nations défaillantes, ce même secteur bancaire refuse aujourd’hui de faire les frais d’une restructuration de la dette publique.
Quand le privé n’assume pas ses dettes, comme c’est le cas aujourd’hui, c’est le public qui doit l’assumer. Au final, c’est toujours le contribuable qui passe à la caisse…