Depuis la crise grecque, les autorités européennes et américaines ont dans leur collimateur un nouvel ennemi résumé en trois lettres : CDS, pour Credit Default Swaps.
A chaque crise, son épouvantail. Avec raison ou pas… Dans le cas des traders et de leurs bonus, c’est évidemment une manière de distraire l’opinion publique des véritables causes de la crise financière. Après tout, il n’y avait pas ni bonus ni traders en 1929, ce qui n’a pas empêché la crise de se déclencher. Depuis la crise grecque, en revanche, les autorités européennes et américaines ont dans leur collimateur un nouvel ennemi résumé en trois lettres : CDS, pour Credit Default Swaps.
Ce sigle désigne une sorte de contrat qui vous assure contre le risque de non-remboursement d’une obligation émise par un Etat. Jusque-là, rien que de très positif. Enfin presque, car le marché des CDS est très opaque : on ignore qui achète et vend ces contrats. Bref, personne ne contrôle ces contrats !
Or, l’opacité de ce marché peut expliquer les déboires actuels de la Grèce. Ces CDS sur la dette grecque, qui sont en quelque sorte des primes contre un risque de faillite d’un Etat, s’étaient envolés voici quelques semaines, au point qu’il coûtait plus cher de se protéger contre la dette grecque que contre celle de la Roumanie, du Liban ou du Maroc. La Grèce a des difficultés, certes, mais pas au point de justifier cette anomalie.
C’est pourquoi l’Europe et les Etats-Unis veulent contrôler ce marché des CDS. Si la prime d’assurance contre la dette grecque s’est envolée, c’est clairement parce que des spéculateurs ont acheté en masse des CDS, leur but étant de gonfler les inquiétudes sur un risque de non-remboursement. Cela revenait à forcer le gouvernement grec à donner un taux d’intérêt beaucoup plus élevé sur ses obligations pour rassurer les investisseurs.
Les petits malins qui ont poussé le marché des CDS à la hausse voulaient en réalité forcer la Grèce à payer du 6 % ou 7 % pour ses obligations – en temps normal, la Grèce aurait payé nettement moins.
Voilà pourquoi il est urgent de réguler ce marché des CDS. Lorsqu’un pays doit davantage d’intérêt en raison de la spéculation, il y a, au bout de la chaine, quelqu’un qui doit payer – et c’est souvent le contribuable. En arrêtant ce petit jeu spéculatif, on évite que le même scénario se reproduise un jour pour la Belgique. C’est donc une très bonne chose.