Christophe Barraud, ce Français devenu “oracle” de l’économie mondiale

Christophe Barraud © BELGAIMAGE

Ses scénarios économiques pour la Chine et les Etats-Unis sont parmi les plus précis au monde, pourtant il n’y a jamais mis les pieds: c’est sur les champs de courses hippiques de France que Christophe Barraud a forgé son titre de “meilleur prévisionniste du monde”.

Meilleur prévisionniste de la planète pour l’économie américaine sur les neuf dernières années, pour la Chine depuis 2017, vice-champion pour l’Europe cette année selon Bloomberg… Tel un athlète de haut niveau, ce Français de 34 ans travaille dur, jusqu’à 75 heures par semaine, pour défendre son rang chaque année.

Egalement vainqueur fin janvier du tournoi organisé par le site américain d’informations financières Market Watch après “une compétition très serrée” selon son journaliste Rex Nutting qui a couvert l’événement, M. Barraud a “détrôné Jim O’Sullivan, un champion aux neuf victoires d’affilée” travaillant pour TD Securities.

Le principe de ces compétitions de prévisions consiste à livrer très régulièrement ses prévisions pour une série d’indicateurs à court et long terme, allant du taux de chômage à la croissance, en passant par la santé de certains secteurs de l’économie.

Les prévisions les plus exactes l’emportent.

“Je ne suis pas le meilleur mathématicien, mes concurrents sont meilleurs, c’est davantage une méthodologie qui va faire la différence”, confie-t-il à l’AFP au dernier étage d’un immeuble de l’ouest parisien abritant son employeur, Market Securities.

Cette méthode s’est forgée à 16 ans à Saint-Laurent-du-Var dans le sud de la France, auprès des chevaux.

“Mon père m’amenait sur le champ de courses, et très vite je me suis demandé s’il y avait une martingale, si l’on pouvait anticiper quel cheval pouvait gagner”, se remémore cet ancien courtier de Dexia Securities, spécialisé alors sur le marché immobilier américain en pleine crise des subprimes en 2009.

Le pari n’est jamais qu’une affaire de chance, dit-il, une série de paramètres venant expliquer une bonne mise: “les performances passées, le type de terrain, l’altitude, les distances…” égrène l’ancien étudiant en finance qui a consacré sa thèse aux rapports entre les paris sportifs, surtout le tennis, et les marchés financiers.

Les champs de courses ne sont jamais bien loin — il possède un bureau dans le Sud et passe 75% de son temps près de sa famille et ses amis — et la recette est restée la même: “recueillir un maximum de données économiques et d’informations, et les trier”, détaille cet admirateur de la longévité d’un Roger Federer.

– “Je garde ma recette” –

Les recettes les plus simples étant parfois les meilleures, Google Trend a été au départ l’une de ses bottes secrètes pour saisir l’appétit des consommateurs pour l’automobile, les ventes de maisons, ou même les demandes d’allocation chômage aux Etats-Unis, et faire les meilleures prévisions.

Quant au reste? “Je garde ma recette”, répond ce trentenaire fan de la série animée Dragon Ball Z, dont le métier consiste aujourd’hui à rédiger des notes et prévisions économiques pour une centaine de clients, principalement des banques et fonds d’investissements.

Mais, à l’heure où la planète se débat au milieu d’une pandémie historique, quelle recette peut-on appliquer à un événement aussi imprévisible ?

Au printemps dernier, entre confinements et tempêtes boursières, “j’ai pris mes feuilles Excel et je les ai jetées à la poubelle”, raconte-t-il. De là, il a fallu reprendre “les basiques” et “tenter de mettre l’inimaginable dans une feuille”.

Il prévoit désormais un redémarrage très net des Etats-Unis dès le printemps, une montée en puissance de la Chine, et une reprise “plus molle” en Europe.

“On en est arrivés à se dire qu’un PIB pouvait baisser de 10% sur une année alors que cela paraissait impossible auparavant”, raconte-t-il, ajoutant qu’il a surtout été difficile de se débattre dans une crise plus sanitaire que financière sans savoir vraiment auparavant “ce qu’était un virus”.

A l’heure où pleuvent les polémiques sur le départ des pépites françaises de la santé à l’étranger faute de moyens dans l’Hexagone, lui affirme être “certain de ne pas être plus heureux ailleurs qu’ici”.

“J’ai créé mon propre moule, ma méthodologie”, affirme-t-il, concédant avoir été approché par des banques et sociétés d’investissements.

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