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Budget : les 4 manquements de Di Rupo I

On peut, bien sûr, argumenter que les sensibilités des négociateurs étant des plus disparates, on pouvait difficilement faire mieux en matière de buget. Tout de même, à la lumière de ce qui attend notre pays dans les mois et les années à venir, on ne peut pourtant être totalement euphorique devant un budget qui pèche par ses manquements. Voici les 4 points à cause desquels ce budget manque d’ambition.

Di Rupo I nie la réalité économique

Ce budget table sur une croissance de 0.8 % pour 2012, alors que bon nombre d’analystes financiers parlent plutôt d’une récession de 2 %. Une gestion en bon père de famille aurait donc plutôt tablé sur une récession de 1 % comme base de travail. En tablant sur des chiffres résolument optimistes, le gouvernement tue sa crédibilité en niant l’existence des mauvaises prévisions pour 2012.

L’épuration budgétaire consiste surtout en augmentations des taxes et du vent

Bien que l’on ne possède pas encore tous les détails et subtilités du budget, ce dernier serait réparti comme suit : 42 % de diminution des dépenses, 34 % augmentation des recettes et 24 % de diverses mesures. Cette répartition semble peu vraisemblable. Si l’on en croit ces chiffres, la réforme du système des intérêts notionnels porte sur 1,6 milliard d’euros et l’adaptation du statut des voitures de société rapporterait 200 millions. Ces deux mesures sont intégrées dans la diminution des dépenses, ce qui est ridicule. En déplaçant ces deux exemples dans la catégorie augmentation des recettes, on modifie directement le ratio de 42/34/24 en 26/50/24.

Par ailleurs, d’autres diminutions de dépenses ne semblent être que du vent. Certains annoncent une économie de 2.3 milliards d’euros d’économie sur les soins de santé grâce à la diminution de la norme de croissance des soins de santé de 4,5 % à 2 %. Mais d’où sort ce chiffre de 4.5 % ? Que vont effectivement rapporter les mesures d’économies dans les services publics ? Ce sont des chiffres qui auraient un besoin urgent d’être sérieusement étayés.

Di Rupo I prend trop peu de mesures

Celui qui connaît la règle de l’effet boule de neige sur les intérêts sur la dette publique, et surtout celui qui souhaite arrêter ses effets, sait qu’il est important d’augmenter le surplus primaire et d’encourager la croissance. En ce qui concerne la volonté d’entreprendre et l’innovation Di Rupo I ne propose rien qui vaille la peine d’être signalé. En ce qui concerne le second volet, il y a bien quelques mesures sur la prépension (mais seulement à partir de 2016), des modifications des allocations de chômage et sur le stage d’attente, mais rien sur l’indexation des salaires et encore moins sur les primes de départ. Di Rupo I ne propose donc rien de mieux qu’un peu plus que pas grand-chose.

Di Rupo ne jure que par la sclérose institutionnelle

On oublie un peu vite qu’avant le budget, les négociateurs se sont accordés sur un accord communautaire qui regroupait BHV et le transfert de compétences. Bien que le principe d’autonomie fiscale des entités et des régions se rapproche quelque peu d’une réalité, on est encore loin de ce qu’il se fait dans des États véritablement fédéraux. La Belgique étant l’un de seuls pays où ses transferts se font avec si peu de transparence. Par ailleurs, bien qu’une solution ait été trouvée autour de BHV, on peut tout de même se demander comment tout cela va se mettre en place dans les faits (ou pas).

Bref ! Le budget tel que proposé risque de ne pas suffire dans un contexte économique mouvementé et va nous permettre de rejoindre le club très prisé des PIIGS ( Portugal – Italie – Irlande – Grèce et Espagne ( Spain)).

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