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Budget : “C’est le monde à l’envers !”

Le gouvernement ne veut pas entamer la confiance des consommateurs et des entreprises, annonce le Premier ministre Elio Di Rupo. Ce louable principe ne mène qu’à une conclusion : il ne faut pas s’attendre à des mesures trop sévères dans le cadre du contrôle budgétaire. Un argument très curieux… C’est le monde à l’envers !

Précisément pour stimuler la confiance des consommateurs et des entreprises, le gouvernement n’aurait qu’à démontrer son sens des réalités et des responsabilités et opérer un contrôle budgétaire crédible et solide. Un couper-coller compromettrait davantage une confiance déjà ébranlée, car tout le monde sait alors qu’il se profile un déficit plus important encore, ou bien qu’il faudra intervenir à nouveau d’ici quelques mois.

Di Rupo Ier fait face à deux problèmes. Primo, une conjoncture morose. On le savait depuis la fin de l’année dernière mais on détournait le regard : la croissance de 0,8 % prévue lors de la formation du gouvernement était déjà irréaliste. Un gouvernement agissant de façon responsable doit à présent compter avec une croissance nulle. Nous verrons si une telle attitude sera adoptée.

Secundo, les trous creusés dans le paquet de 11 milliards d’euros à la fin de l’année dernière. Le produit de la lutte contre la fraude fiscale et sociale reste nettement surévalué, tout comme le produit du détricotage de la déduction des intérêts notionnels. Pour ce qui concerne les opérations menées autour des voitures de société, il a été tenu bien trop peu compte de l’amaigrissement des recettes tirées de la TVA dans le nouveau système. L’évaluation, par la Cour des comptes, des mesures budgétaires initiales de Di Rupo Ier révèle une série d’autres lacunes et ambiguïtés. Il est optimiste d’affirmer que, des 11 milliards de d’euros prévus, 2 à 3 milliards ne seront pas engrangés.

Reste l’argument selon lequel le gouvernement, dans le contexte actuel de récession, ne devrait pas trop épargner. C’est tout à fait hors de propos, même si cela a été évoqué par des professeurs d’économie. L’effet, sur la demande, d’une décision de ne pas épargner ou d’épargner peu est fortement contré par les anticipations négatives qui découlent d’un assainissement insuffisant.

Les consommateurs, les investisseurs et les entrepreneurs ne réalisent que trop bien que, si les mesures destinées à corriger la hausse des déficits budgétaires et la flambée de la dette publique ne sont pas prises maintenant, elles devront l’être dans un proche avenir. Comme on ignore à quoi aboutiront ces interventions – quelles nouvelles taxes faut-il attendre ? – chacun prend ses précautions, surtout en reportant dépenses et investissements jusqu’à ce que des éclaircissements soient apportés. C’est ainsi qu’on amplifie la récession plutôt que de la combattre.

En outre, pour une petite économie ouverte comme celle de la Belgique, il est beaucoup plus important de mettre l’accent sur la compétitivité internationale que de spéculer sur les conséquences, sur la demande, d’un report de l’assainissement budgétaire. Nos coûts salariaux relatifs dérapent d’au moins 10 %, pas de se prévaloir d’une position concurrentielles internationale solide.

Pour apporter une solution fondamentale à ce handicap, il faut réellement soutenir l’économie et l’emploi. Surgit alors l’option d’un saut d’index, couplé à un examen judicieux de tout le mécanisme d’indexation. Une telle action consoliderait également le budget de manière directe et substantielle. Et renforcerait la confiance.

Johan Van Overtveldt

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