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Bonne ou mauvaise indexation ?

En présentant leur “pacte de convergence et de compétitivité”, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont jeté un joli pavé dans la mare. Le duo franco-allemand souhaite notamment instaurer un taux minimum d’impôt pour les sociétés et, last but not least, pour la Belgique, supprimer l’indexation automatique des salaires.

En présentant leur “pacte de convergence et de compétitivité”, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont jeté un joli pavé dans la mare. Ils n’y sont pas allés par quatre chemins dans les remèdes préconisés à leurs partenaires européens : un plafond du déficit public devrait être inscrit dans les Constitutions nationales tout comme un cadre commun qui lierait l’âge de la retraite à l’évolution démographique de chaque pays. Le duo franco-allemand souhaite également instaurer un taux minimum d’impôt pour les sociétés et, last but not least, pour la Belgique, supprimer l’indexation automatique des salaires.

Voilà des propos qui ont de quoi effrayer les syndicats qui ont rejeté l’Accord interprofessionnel, pourtant négocié entre les partenaires sociaux pendant des mois. Même si la Belgique a immédiatement réagi face aux propositions franco-allemandes, le ton est donné. Et il n’est pas certain que l’exception belge (et luxembourgeoise) puisse se maintenir telle quelle alors que tous les partenaires européens préconisent une meilleure coordination des politiques économiques. D’autant que la fin de l’indexation automatique fait également partie des recommandations, maintes fois répétées, de la Banque centrale européenne à l’égard de la Belgique.

Dans ce débat très sensible, il est bon de rappeler que les raisons qui provoquent l’inflation peuvent être de natures très différentes. Si, dans le cas d’une inflation “d’enrichissement”, il serait normal que les salariés voient leur rémunération augmenter, il n’en est pas de même s’il s’agit d’une inflation “d’appauvrissement”. Voici quelques mots d’explication.

Lorsque l’économie jouit d’une embellie conjoncturelle, que les prix sont à la hausse suite à une demande soutenue, il paraît normal que les salariés reçoivent également une part du gâteau. En effet, dans un tel contexte, les entreprises engrangent de meilleurs bénéfices et les salariés, dont la note augmente au supermarché, doivent pouvoir maintenir leur pouvoir d’achat.

Par contre, la situation est diamétralement différente lorsque cette hausse des prix est le résultat d’une augmentation des coûts, que ce soit lié aux prix des matières premières, du pétrole, du cuivre, de l’acier, du sucre, de l’huile, etc. Bref, une inflation due aux produits importés. Dans cette situation, les entreprises belges n’en retirent aucun bénéfice mais doivent, au contraire, faire face à des coûts de production plus importants. Nous sommes alors dans une inflation “d’appauvrissement”. Difficile de partager les bénéfices avec les salariés puisqu’ils sont inexistants…

Dans ce cas de figure, l’indexation des salaires devrait être gelée. L’exemple des années 1970 devrait convaincre les plus réticents. En effet, lors de la première crise pétrolière, la Belgique a décidé de ne pas geler l’indexation alors que les prix pétroliers flambaient. La note ne s’est pas fait attendre : mesures draconiennes d’austérité, dévaluation du franc belge et modérations salariales au menu. Pour éviter qu’un tel scénario ne se répète, pourquoi ne pas tirer les leçons de l’histoire et appliquer l’indexation de manière flexible, selon que l’inflation enrichit ou appauvrit nos entreprises ?

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