Yves Mersch, un “faucon” au directoire de la BCE

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Le Luxembourgeois Yves Mersch, qui va finalement rejoindre le directoire de la Banque centrale européenne après bien des péripéties, est considéré comme un “faucon” au sein de l’institution de Francfort dont il fait partie depuis sa création en 1998.

M. Mersch, 63 ans, a toujours défendu que le rôle premier de la BCE était de lutter contre l’inflation. Il a fustigé les pays de la zone euro qui ne respectent pas le critère d’un déficit public inférieur ou égal à 3% du PIB. Pour lui, l’Allemagne et la France ont donné “le plus mauvais exemple possible” en choisissant de concert en 2004 de s’affranchir des règles du Pacte de stabilité et de laisser filer leurs déficits.

Il sera avec l’Allemand Jörg Asmussen le seul représentant issu d’un pays “triple A”. M. Mersch, regard bleu, chevelure blond-roux et moustache fournie, visait depuis plusieurs années un poste au directoire de la BCE. Mais il en avait à chaque fois été écarté, sa candidature souffrant de la présence d’un autre Luxembourgeois à la tête d’une institution de la zone euro, le président de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker.

Ce dernier lui a apporté un soutien déterminant. Les relations entre les deux hommes n’ont pourtant pas toujours été au beau fixe: M. Mersch est un homme de gauche, qui a sa carte au parti ouvrier socialiste luxembourgeois (POSL), tandis que Jean-Claude Juncker, Premier ministre du Luxembourg depuis 1995, est membre du Parti populaire chrétien social, de centre-droit.

Mais les positions des deux dirigeants sont parfois à front renversé. C’est le socialiste Mersch qui est fermement opposé au système d’indexation des salaires pratiqué dans son pays. Il le trouve incompatible avec le respect de la discipline budgétaire et considère qu’il met en cause l’appartenance du Luxembourg à la zone euro. M. Juncker y reste lui très attaché.

Né le 1er octobre 1949 à Luxembourg, M. Mersch a presque toujours évolué au sein d’institutions financières, aussi bien dans son pays qu’à l’étranger, bien qu’il ait commencé sa carrière comme avocat et professeur de droit après des études de droit et de sciences politiques à la Sorbonne.

Assistant au ministère des Finances du Luxembourg en 1975, il passe ensuite trois ans au Fonds monétaire international à Washington. Il repart aux Etats-Unis en 1980 en tant que conseiller financier de la représentation du Luxembourg à l’ONU à New York.

Revenu au ministère des Finances en 1982, il occupe de 1989 à 1998 le poste de directeur du Trésor, et participe directement aux négociations et à la rédaction du traité de Maastricht qui aboutira à la création de l’euro.

A partir du 1er juin 1998, il est président de la Banque centrale du Luxembourg, poste auquel il est reconduit en 2004 puis en 2010. A ce titre, il est aussi membre du Conseil de gouvernance de la BCE. Il occupe ou a occupé plusieurs fonctions dans d’autres organisations internationales, notamment à la Banque mondiale, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) ou la Banque européenne d’investissement (BEI).

Trends.be, avec Belga

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