Washington est opposée à un démantèlement des grandes banques même si elle est favorable au rétablissement de dispositions d’une législation qui a séparé les activités de banque de dépôt et d’investissement de 1933 à 1999, a déclaré jeudi le secrétaire au Trésor.
Lors d’une audition devant une commission sénatoriale américaine, Steven Mnuchin a affirmé que certaines dispositions de cette loi, “Glass-Steagall”, pourraient être réinstaurées mais que ce serait une “grosse erreur” de scinder les banques.
“L’intégration des banques de détail et des banques d’affaires dure depuis longtemps (…). Et ce n’est pas ça qui est à l’origine des problèmes ayant entraîné la crise financière” de 2008, a-t-il défendu. “Si nous revenons à une stricte séparation, il y aurait un impact important sur les liquidités et l’activité de prêts”, fait valoir M. Mnuchin, ancien banquier de Goldman Sachs.
Ces déclarations ressemblent à un revirement de la part du gouvernement de Donald Trump, car le 1er mai le président américain avait réitéré sa menace de démanteler les grandes banques. Pendant la campagne électorale, il avait appelé à de nombreuses reprises à un retour à cette législation supprimée lors de la présidence de Bill Clinton (1993-2001).
Il avait indiqué qu’il était favorable à une nouvelle loi de ce genre mais mieux adaptée aux conditions actuelles. Son parti républicain avait inscrit un tel projet dans sa plateforme électorale.
Selon certains économistes et hommes politiques, c’est la suppression de cette législation qui a abouti moins de dix ans plus tard à la chute de la banque d’affaires Lehman Brothers, élément déclenchant de la crise financière de 2008.
Jeudi, les déclarations de Steven Mnuchin ont entraîné un échange houleux avec la sénatrice Elizabeth Warrren, une des figures de proue de l’opposition démocrate.
“Que pensez-vous que Glass-Steagall était, si ce n’est une séparation des banques de dépôt et d’investissement ?”, a lancé Mme Warren, disant ne pas être surprise par ce “revirement” après des rencontres entre M. Mnuchin, des PDG de grandes banques américaines et des groupes de pression de l’industrie bancaire.
La loi Glass-Steagall voulait mettre fin “aux conflits d’intérêts et non les risques liés au crédit”, a répondu Steven Mnuchin.
“Si nous avions voulu rétablir intégralement Glass-Steagall, nous aurions dit à l’époque que nous croyions en cette loi et non que nous voulions une loi Glass-Steagall du 21e siècle”, a-t-il argumenté. “Nous avions été clairs en faisant bien la différence entre les deux.”