Triodos surfe-t-elle, elle aussi, sur la vague de l’offshore ?

© Reuters

Une petite bombe “fiscalité offshore” a été lâchée ce samedi dans l’édition belge de l’hebdomadaire Marianne. La banque citoyenne et éthique Triodos aurait-elle, elle aussi, créé des structures offshores dans des paradis fiscaux

Bien évidemment, il ne s’agit que de quelques structures offshores, Marianne Belgique en cite 13, et certains des paradis fiscaux cités n’en sont “presque plus” puisqu’il y a peu le Luxembourg a accepté d’assouplir sa position sur l’échange des informations fiscales et de supprimer le secret bancaire en 2015.

La banque batave, spécialisée dans les placements éthiques et durables, est d’ailleurs loin derrière le palmarès de ses consoeurs belges, friandes de finance offshore

Paradis fiscaux suspectés

Les faits remontent à 2002, date à laquelle Triodos a eu recours aux paradis fiscaux pour réaliser certains investissements. Marianne a identifié 13 fonds ou sociétés offshores et cinq paradis fiscaux (le Grand-Duché du Luxembourg, le Panama, les très souvent citées îles Caïman, l’état du Delaware et la plus touristique île Maurice).

Au Luxembourg, Triodos a créé six fonds d’investissement “durables”.
Au Panama, les choses sont moins claires, précise Marianne Belgique, qui cite Banex International Capital Corp (BICC), créé par Triodos en novembre 2008 et qui est qualifiée de “coquille offshore destinée à détenir les actions de la banque Banex au Nicaragua”, un investissement qui s’est toutefois clôturé en août 2012 avec la liquidation de Banex et la dissolution de BICC en mars dernier.

A Maurice, aux îles Caïman et au Delaware, Triodos “ne gère pas personnellement des fonds offshores, mais y place du capital” selon le magazine.

Triodos remet les pendules à l’heure

Dans le communiqué, publié samedi dans la foulée des déclarations de Marianne Belgique, la banque “rejette catégoriquement l’amalgame de faits et de contrevérités“.

Elle réfute les accusations concernant les fonds d’investissement au Luxembourg : “Les fonds luxembourgeois mentionnés sont des compartiments de sicav Triodos, enregistrés au Luxembourg comme la très grande majorité des sicav distribuées en Belgique et ce, pour en faciliter la commercialisation en Europe. L’administration et la distribution de sicav sont en effet une spécialité internationalement reconnue du Luxembourg. Aucune considération fiscale ne motive ce choix. Le traitement fiscal y est en effet identique à celui qui serait appliqué en Belgique ou aux Pays-Bas.”

Et de préciser que les fonds en question ont pour spécialités les valeurs que la banque batave défend puisqu’il s’agit des énergies renouvelables, de microcrédit et d’investissement socialement responsable.

Pourquoi de tels choix ?

Mais pourquoi avoir fait ces choix de pays, alors que tôt ou tard, Triodos risquait se retrouver sous les feux de la rampe, et du mauvais côté, à cause d’eux ?

Lieve Schreurs, Responsable Marketing et Communication de la banque, explique : “En règle générale, nous investissons directement dans des institutions de microfinance. Parfois, pour 2,15% de nos investissements en microfinance, le choix est d’y investir via un autre fonds de microfinance (fund-in-fund) qui peut être situé dans un pays ‘offshore’. Plusieurs raisons peuvent expliquer le recours, par ce fonds, à une telle structure. Par exemple, une infrastructure juridique insuffisante dans un pays peut rendre difficiles des investissements au départ de plusieurs pays. La prévention d’une double imposition ou l’instabilité politique peuvent également jouer un rôle. Si on prend l’exemple de l’Inde, il faut qu’au moins 25% d’investisseurs indiens dans le capital d’un fonds, ce qui n’est pas toujours évident à trouver… Si nous avons fait ces choix, c’est-à-dire que ces fonds ont été créés dans ces pays, c’est pour qu’il soit possible à plusieurs investisseurs d’entrer dans leur capital. Et c’est plus facile dans ces pays-là.”

Et de préciser que “Si certains détournent les “facilités”, offertes par ces pays, qualifiés de paradis fiscaux, et en font un mauvais usage, c’est à eux de s’en expliquer. En ce qui nous concerne, il s’agit de microcrédit et de rien d’autre.”

Chez Triodos, nous prônons la transparence“, insiste Madame Schreurs. “On peut voir les activités et il est possible de les vérifier. Nous sommes donc loin de l’image qu’a le public d’un paradis fiscal ou de l’opacité d’un placement offshore.”

Et de conclure que la position de la Banque Triodos a toujours été claire “Nous attachons de l’importance au fait que les entreprises, dans lesquelles un investissement est fait, payent leurs impôts et les payent de manière locale.”

Dans six cas, nous passons par d’autres fonds de microcrédit, créés par des spécialistes de la microfinance, et ceux-ci sont le cas échéant offshores. Tout le monde se braque là-dessus, plutôt que de voir ce qu’il y a derrière des fonds d’investissement bel et bien axés sur de la microfinance et le microcrédit dans des pays en développement” ajoute-t-elle.

Au total, les participations dans les fonds “posant problème” ne représentent que 8,4 millions d’euros, soit 2,15% du portefeuille total des fonds de microcrédit Triodos qui s’élève quant à lui à 390,5 millions d’euros.

Les 13 structures offshore gérées ou investies par Triodos et incriminés par le magazine Marianne

Îles Caïmans

BRAC Africa Loan Fund (2009)

Delaware MFX Solutions LLC (2009)

EcoEnterprises Fund II (2012)

Maurice

Africap Microfinance Investment Company (2002) India Financial Inclusion Fund (2008) Leapfrog Financial Inclusion Fund (2008)

Luxembourg

Triodos Renewables Europe Fund (2006)

Triodos Sustainable Bond Fund (2007)

Triodos Sustainable Equity Fund (2007)

Triodos Microfinance Fund (2009)

Triodos Sustainable Mixed Fund (2010)

Triodos Sustainable Pioneer Fund (2010)

Panama

Banex International Capital Corp (2008-2013)

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