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Scission banque de dépôt et d’investissement : “la loi de séparation qui ne sépare rien du tout”

Nous sommes le mardi 26 mai un jour comme les autres sauf si c’est votre anniversaire ou si vous êtes un député européen. Aujourd’hui le parlement européen devrait en effet se prononcer sur un projet de loi qui propose de séparer les banques en deux. Je schématise, bien entendu, toute cette procédure.

L’idée et survenue juste après la crise, l’objectif est de dire qu’il faut absolument séparer dans les grandes banques, la partie banque de détail, en d’autres mots, la banque de dépôt de Monsieur et Madame tout le monde, avec la partie “banque d’investissement” soit la partie plus risquée liée aux activités de marchés. L’idée à l’origine, c’est d’éviter qu’en cas de nouvelle crise bancaire, la partie commerciale de la banque, celle qui regroupe donc les dépôts des épargnants, ne soit contaminée ou mise en péril par les difficultés de la partie bancaire liée à des activités de marché hasardeuse.

C’est évidemment aussi une manière pour les gouvernements d’éviter de devoir renflouer ces banques pour sauver les épargnants. Forcer les grandes banques mixtes à se scinder en deux est, à priori, une bonne idée et tout le monde s’attendrait à ce qu’aujourd’hui la plupart des députés européens votent les yeux fermés le projet de scission ce mardi 26 mai ! Mais en réalité, il est probable selon le journal Le Soir – et c’est cela le paradoxe – que la plupart des députés européens voteront contre cette loi.

Scission banque de dépôt et d’investissement : “la loi de séparation qui ne sépare rien du tout

Étonnant, car comment peut-on voter contre une loi avec laquelle on est d’accord sur le fond ? Réponse : parce que ce projet de loi a été vidé de toute sa substance. En réalité, suite au lobby du secteur bancaire – soit 1700 personnes payées à Bruxelles pour défendre ce secteur – le texte de départ a été tellement édulcoré que certains députés reprochent au texte final d’être une coquille vide, d’être une sorte de “loi de séparation qui ne sépare rien du tout”.

De leur côté, les banques se défendent en disant qu’elles ont besoin d’une approche plus souple et qu’il faut éviter des textes inutilement vengeurs et qui n’auront d’autre but, au final, que de rendre leur business encore plus compliqué, ce qui est mauvais pour le crédit et donc l’économie.

Quant aux députés européens, beaucoup pensent qu’en édulcorant ce projet de scission des banques, on va maintenir des banques trop grosses pour que l’Etat les laisse tomber en cas de faillite. Au final, nos Etats resteront, selon eux, les otages des banques. Voilà pourquoi ce mardi 26 mai n’est pas un jour comme les autres.

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