Quand Jamie Dimon, le patron de JP Morgan, tacle les cryptos

Jamie Dimon, le patron de JP Morgan.
Sebastien Buron
Sebastien Buron Journaliste Trends-Tendances

Dans un entretien accordé au journal Les Echos, Jamie Dimon, le patron de la grande banque américaine JP Morgan revient sur la faillite de FTX, qu’il voit comme un gigantesque schéma de Ponzi décentralisé, et analyse par ailleurs sans ambages la situation en Chine.

De passage la semaine passée à Paris pour recevoir la Légion d’honneur des mains du président français Emmanuel Macron, Jamie Dimon, le patron de JP Morgan, l’un des banquiers les plus puissants de la planète, a accordé un entretien exclusif à nos confrères du quotidien économique français Les Echos. Un grand entretien dans lequel l’emblématique CEO passe en revue l’actualité économique du moment, faisant comme à son habitude passer quelques messages valant leur pesant de plutonium.

Casino et jetons

Ainsi, à la question de savoir quelles leçons il fallait tirer de la faillite de la plateforme FTX, Jamie Dimon répond de manière très directe que “les régulateurs feraient mieux d’examiner au plus tôt comment ils réglementent le marché de la cryptomonnaie, car beaucoup pourraient encore en pâtir.” Cinglant, il ajoute ans ambages, que “les cryptomonnaies n’ont jamais été des monnaies, mais des jetons.” Les raisons qui poussent les gens à en acheter le dépassent, dit-il. “Cela ressemble dans de nombreux cas à un schéma de Ponzi décentralisé. C’est un casino, et dans certains cas, une fraude. Ça me choque que ça existe. Chaque année, d’innombrables rançons sont payées avec des cryptos. Sans compter l’argent qui va aux régimes corrompus, l’argent du trafic de drogue, de l’industrie du sexe ou du terrorisme.” Quant à l’avenir des cryptos, elles doivent à ses yeux être “plus régulées ou sinon disparaître”. “Mais, assène-il, d’une certaine manière je m’en fiche, car je n’y toucherai jamais.”

La menace chinoise

Dans un tout autre registre, mais faisant néanmoins également les gros titres ces derniers temps, Jamie Dimon analyse les défis posés par la Chine au monde occidental, en disant aux Américains de prendre du recul : “Nous avons des ressources agricoles, des voisins avec qui nous entretenons de bonnes relations, des alliés fidèles… Les Chinois ont comparativement de nombreux défis : pas assez de ressources agricoles ou hydriques, un peu de corruption, 400 millions de personnes dans une situation de pauvreté, ils doivent importer 11 millions de barils de pétrole par jour et leur politique “zéro Covid” est pénalisante pour l’économie. Et pour ne rien arranger, ils entretiennent des relations compliquées avec leurs voisins : les Philippines , le Japon, la Corée, l’Indonésie, le Vietnam, l’Afghanistan, le Pakistan, l’Inde et la Russie. C’est une partie difficile du monde”. Et pour ce qui est d’une éventuelle invasion de Taïwan par la Chine, il estime que, si cela devait se produire, “la réponse des pays occidentaux serait, immédiate, sévère, dévastatrice et pas uniquement militaire.” Alors, oui, ajoute-t-il, “la compétition entre les nations va s’intensifier avec un Occident qui, pour préserver son avenir, va renforcer tout ce qui est lié à la sécurité nationale”.

Conclusion du CEO de JP Morgan : “Vous verrez probablement des subventions à certaines industries, une attention particulière portée au secteur des puces électroniques”, ainsi que “des efforts pour accéder aux matières premières critiques (terres rares, lithium, nickel, etc.).” La guerre des protectionnismes, en somme.

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