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Pourquoi Warren Buffet se sent “comme un obsédé sexuel dans un harem ?”

Depuis le krach boursier de janvier, les investisseurs jouent à se faire peur. Ce qui revient assez souvent dans les journaux, c’est la peur que 2016 ne soit un remake de 2008, l’année de l’éclatement de la crise…

C’est un scénario qui frappe d’autant plus les esprits qu’il a l’air plausible, car ce sont les actions bancaires qui ont été parmi les plus massacrées au cours de ces dernières semaines. La question est donc: va-t-on revivre le cauchemar de 2008 ? Je n’ai, hélas, pas de boule de cristal, mais tous les experts disent que cette comparaison est fausse.

D’abord, s’il est vrai que la croissance économique ralentit au niveau mondial, elle reste malgré tout supérieure à la croissance que nous avions enregistrée en 2008 ! Une autre différence avec cette année-là, c’est que le pétrole est très bas, et qu’il donne un ballon d’oxygène aux ménages et aux entreprises sous la forme d’un gain de pouvoir d’achat. Encore une différence par rapport à 2008: les grandes banques centrales ont plus de moyens à leur disposition et elles se sont arrangées pour fixer les taux d’intérêt très bas, ce qui est un autre ballon d’oxygène pour les ménages et les entreprises.

Quant aux banques qui ont été malmenées en Bourse, je l’ai déjà expliqué dans mes chroniques, elles sont plus solides qu’en 2008. Elles ont assaini leurs bilans. Elles ont vendu, par exemple, leurs obligations grecques. Elles se sont recentrées sur leur marché domestique en vendant pas mal de filiales à l’étranger. Et puis, le législateur leur a imposé de gonfler leurs fonds propres – autrement dit, leur matelas de sécurité – ce qui fait que la plupart des banques sont mieux armées aujourd’hui qu’en 2008 pour encaisser un choc économique.

De même, les ménages épargnent plus et se sont beaucoup désendettés. En tout cas, ils sont moins endettés qu’il y a dix ans. Idem d’ailleurs pour les entreprises.

La Bourse est une grande nerveuse, sujette à des crises d’hystérie. Il faut parfois avoir la sagesse de ne pas trop y prêter attention

Tout cela pour dire qu’il est impossible d’affirmer à 100% qu’il n’y aura pas de récession au cours des prochains mois. Mais ce n’est pas parce qu’il est impossible d’exclure le pire qu’il faut sombrer dans le pessimisme le plus noir. Comme le disait avec humour l’ancien prix Nobel d’économie Paul Samuelson, “la Bourse a prédit neuf des cinq dernières récessions”. Une manière polie de dire que la Bourse est une grande nerveuse, sujette à des crises d’hystérie, et qu’il faut parfois avoir la sagesse de ne pas trop y prêter attention.

Warren Buffet, le 3e homme le plus riche au monde, et qui est également considéré comme le meilleur investisseur de la planète, l’a compris. Pendant que les autres investisseurs paniquent, lui vient de racheter une société pétrolière pour un milliard de dollars, car il estime qu’elle a été injustement matraquée par la Bourse. En effet, jamais avare de bons mots, Buffett a coutume de rappeler que les crises sont des bénédictions pour les investisseurs avisés. “?Quand la Bourse s’effondre, je me sens comme un obsédé sexuel dans un harem?”, a-t-il même dit un jour.

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