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‘Pour mieux comprendre la crise, la dette et le jargon des prêtres-économistes’

Pour vos vacances d’été, une fois n’est pas coutume, j’ai envie de vous proposer de lire un livre qui cartonne en France. Il parle évidemment d’économie, mais avec un humour absolument délirant, tout en étant rigoureux dans ses raisonnements.

Ce livre (1), paru aux éditions de La Martinière, est le fait de Christophe Alévêque, humoriste et comédien, et de Vincent Glenn, auteur de plusieurs documentaires consacrés à l’économie.

D’abord, Alévêque et Glenn se moquent gentiment de nos économistes et de nos dirigeants en parlant “d’experts en expertise, et de spécialistes en spécialisation”. Ils n’hésitent pas non plus à brocarder, plusieurs fois, les banquiers en rappelant que “demander aux banquiers de faire un effort d’imagination pour régler le problème de la dette, c’est comme demander à une dinde d’inventer le tournebroche”.

Pour mieux comprendre la crise, la dette et le jargon des nouveaux prêtres-économistes

Même la relance de la consommation, dont on nous parle à longueur de journée, ne trouve pas grâce à leurs yeux. En effet, pour ces deux auteurs, “elle consiste à acheter des choses dont les gens n’ont pas besoin avec de l’argent qu’ils n’ont pas”.

Quant aux pauvres, nés de la crise ou pas, ce sont, d’après eux, “des personnes adeptes de la pauvreté, qui ont cette capacité surprenante de vivre en dessous de nos moyens”.

Quant au PIB, l’indicateur suprême, celui par lequel les politiques et les économistes jugent toutes nos actions, ils rappellent que le calcul de ce fameux PIB est faussé, car la plupart des nuisances – pollution, accidents, etc. – ne sont pas comptabilisées comme des destructions, mais bien comme des apports de richesse. Pourquoi ? Parce que cela rapporte, ça active les assurances, les professionnels de la dépollution, le marché des pièces détachées de bagnoles. Bref, ça fait tourner la machine, ça génère des activités économiques, ça fait circuler de la monnaie, mesurée et comptabilisée par le PIB. Et nos deux compères donnent un exemple hilarant du calcul faussé du PIB: “imaginez Gérard qui décide tout à coup de faire une BA. Il veut augmenter le PIB de son quartier. Il lui suffit de crever les pneus de toutes les voitures de votre rue; là encore, assurances et dépenses de garagiste sont garanties, et même frais d’hôpitaux s’il se fait choper par les voisins”. Autrement dit, un geste débile peut doper l’économie.

“A l’opposé, les activités positives non marchandes et non administratives ne sont pas comptabilisées. C’est le cas des activités bénévoles ou encore du travail domestique quotidien réalisé au sein d’une famille”. Tout cela, disent-ils, est “considéré comme de l’activité de branleur qui n’amène rien de positif au bilan comptable”.

Bref, vous l’avez compris, derrière l’humour décapant, ce petit livre de 174 pages, mais avec un texte bien espacé, est très didactique, facile à lire et permet de mieux comprendre la crise, l’origine de la dette publique et le jargon de ces nouveaux prêtres que sont les économistes.

(1)”On marche sur la dette”, Christophe Alévêque et Vincent Glenn, éditions de La Martinière.

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