Pire Asset Management, ce gestionnaire de fortune qui profite du covid
Plus ancienne société de Bourse indépendante de Wallonie, Pire AM fait partie des gagnants inattendus de la crise sanitaire.
S’il existe une catégorie d’entreprises dont le business profite du contexte de la pandémie, Pire Asset Management en fait assurément partie. Société de Bourse centenaire, fondée en 1909 à Monceau-sur-Sambre par Maurice Pire, la maison a en effet vu ses capitaux en dépôt et en gestion bondir d’environ 10% depuis le début de la crise sanitaire. Merci la hausse ininterrompue des cours boursiers, direz-vous… Eh bien, non! Si Pire AM a vu les actifs confiés par la clientèle sensiblement gonfler pour franchir la barre des 230 millions d’euros, ce n’est pas uniquement à cause de l’effet de marché comme disent les banquiers, mais aussi parce que de nouveaux clients sont venus frapper à sa porte. De nouveaux clients qui ont amené avec eux de nouveaux capitaux, “parfois très conséquents”, assure Jean-Jacques Pire, l’un des cinq administrateurs délégués qui représente actuellement la famille fondatrice de la société de Bourse, désormais située en plein coeur de la cité du marsupilami.
La crise sanitaire a mis notre service de proximité en exergue.” Jean-Jacques Pire (administrateur délégué)
Proximité
Cet afflux de nouveaux clients, Pire AM le doit d’abord à sa réputation de gestionnaire à taille humaine ancré dans sa région. Deux tiers de la clientèle, qui totalise aujourd’hui environ 1.000 personnes, habitent dans un rayon de 35 kilomètres autour de Charleroi. “Nous connaissons tous nos clients, avance Jean-Jacques Pire. Certains le sont depuis 40 ans et depuis plusieurs générations. En général, ils sont rarement insatisfaits. Nous en perdons très, très peu. Ils nous disent que chez Pire tout est clair, net et précis. Et ce, grâce au fait qu’ils ont toujours le même chargé de relations comme interlocuteur. Cette continuité dans le contact avec le client nous rend incontournables à Charleroi. Tout le monde nous connaît. C’est une de nos forces, que la crise sanitaire a d’ailleurs mise en exergue.”
Certes, il a fallu strictement respecter les contraintes sanitaires pendant la période covid, et encore maintenant d’ailleurs. Mais la maison a su préserver sa relation de proximité, au point de se démarquer nettement des grands réseaux bancaires, qui ont depuis fermé leurs agences pour la plupart, ne recevant le client que sur rendez-vous, et de préférence à distance. “Bien sûr, poursuit Jean-Jacques Pire, nous avons mis en place des outils tels que Zoom qui nous ont permis de garder le contact avec les clients et de les rassurer, notamment quand les marchés ont plongé en mars 2020, et ensuite lors des différents confinements. Mais nous avons continué à privilégier ce contact humain de manière régulière et physiquement, qui est pour nous essentiel. Beaucoup de nouveaux clients viennent nous trouver parce qu’ils éprouvent des difficultés à avoir un contact avec leur conseiller dans leur banque et se sentent perdus”, complète Jean-Jacques Pire.
Taux bas
Ce service de proximité, Pire AM en a notamment profité lorsqu’il s’est agi par exemple de réaliser des donations dans l’urgence. “Des clients ont eu très peur pendant le covid. Convaincus du pire, certains nous ont appelés depuis leur lit d’hôpital pour réaliser des donations, raconte Arnould Roberti, également administrateur délégué. En deux jours, le dossier était prêt chez le notaire. Après, ils nous ont remerciés d’avoir été si rapides sur la balle. D’une certaine manière, oui, la crise sanitaire nous aide, tout simplement parce que nous essayons toujours de trouver des solutions, même si c’est parfois en dehors du contexte financier. Et cette relation de confiance globale n’est possible que parce que nous sommes une petite structure très souple.”
Nous essayons toujours de trouver des solutions, même si c’est parfois en dehors du contexte financier.” Arnould Roberti (administrateur délégué)
En ces temps chahutés, le caractère abordable de ses services de gestion joue également en faveur de la société de Bourse carolo. “Nous proposons un service de gestion discrétionnaire à partir de 25.000 euros au travers de deux sicav en actions et en obligations, explique Jean-Jacques Pire. Cela permet d’attirer une clientèle jeune, qui travaille et qui est prête à investir une partie de ses économies en Bourse. Cela nous amène aussi des personnes qui vident en partie leur carnet d’épargne pour ne pas subir les taux d’intérêt négatifs que leur impose leur banque. Et puis il y a ceux qui se rendent compte que leur capital s’érode avec l’inflation.”
Lancé en 2014, le service séduit d’autant plus que la maison revendique son indépendance et sa transparence. Certes, ses tarifs ne sont pas moins chers et se situent dans la moyenne du marché. “Ce n’est pas là que nous faisons particulièrement la différence, acquiesce Arnould Roberti. Par contre, là où nous nous démarquons, c’est que nous mettons en concurrence nos propres produits maison avec les autres gestionnaires de fonds et les meilleurs ETF. Pour les patrimoines plus importants, il est bien entendu possible d’avoir un portefeuille composé de fonds patrimoniaux mais aussi de titres détenus en ligne directe. Depuis plusieurs années, nous proposons aussi des thèmes de gestion qui répondent précisément à la demande de la clientèle (immobilier, transition énergétique, nouvelle mobilité, santé, économie de l’abonnement, IA, alimentation durable, etc.). Et cela donne de bons résultats: la moitié des clients sont aujourd’hui en gestion discrétionnaire tandis que l’autre moitié pratique la gestion conseil et passe elle-même ses ordres boursiers.” Dit autrement, Pire AM est passé du rôle de conseiller ponctuel à celui de véritable gestionnaire de portefeuille.
Métal jaune
Il est enfin une dernière particularité qui joue en faveur de la plus ancienne société de Bourse en Wallonie. Au-delà de la réception et la transmission d’ordres de Bourse, la structuration de patrimoine et la gestion de portefeuille, certains découvrent aussi Pire au travers des opérations de change ainsi que de l’achat et la vente d’or. “Nous avons un guichet où il est possible de venir déposer ou retirer du cash, souligne Arnould Roberti. A l’heure où les distributeurs de billets disparaissent, c’est aussi un plus, au même titre que les opérations sur devises étrangères (dollar, etc.), ainsi que celles sur l’or auxquelles tiennent beaucoup de personnes plus âgées qui ont encore des pièces ou des petits lingots.”
En définitive, malgré la crise sanitaire et la charge réglementaire qui pèse lourd, “la maison se porte bien”, fait valoir Arnould Roberti, citant le chiffre de 196.000 euros de résultat brut dégagé en 2020, alors que 2021 devrait être du même tonneau. Si bien que Pire AM nourrit de nouvelles ambitions. L’enseigne s’est en effet adjoint les conseils et le carnet d’adresses de l’ancien patron de l’aéroport de Charleroi Jean-Jacques Cloquet, lequel va devenir associé de la société. Objectif: rayonner davantage dans le Hainaut, “tout en restant proche et accessible”, conclut Jean-Jacques Pire.
Pire AM, c’est:
? une création en 1909
? 4 agences (Charleroi, Tournai, Nivelles et Bruxelles)
? 1.000 clients
? 15 personnes
? 230 millions d’euros: les capitaux confiés
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