Pierre Wunsch: “Les aides publiques poussent la BCE à se montrer plus sévère”
Les mesures prises par les gouvernements pour faire face à la crise de l’énergie obligent la Banque centrale européenne (BCE) à se montrer plus stricte et à augmenter davantage ses taux d’intérêt, a déclaré Pierre Wunsch, le gouverneur de la Banque nationale de Belgique et membre du Conseil des gouverneurs de la BCE, dans une interview à l’agence de presse Bloomberg. “Il y a un vrai risque de décalage entre les politiques”, a-t-il averti.
Alors que l’Europe est confrontée à des prix de l’énergie sans précédent, les gouvernements mettent sur la table des centaines de milliards d’euros pour atténuer le coup financier porté aux familles et aux entreprises. De son côté, la BCE doit lutter contre l’inflation.
Dans un contexte de ralentissement de la croissance économique et de flambée des prix à la consommation, l’alignement des politiques budgétaire et monétaire devient de plus en plus difficile. “Notre principale préoccupation, c’est de concilier une politique monétaire permettant de contrôler l’inflation et une politique budgétaire qui fait de plus en plus pour soutenir les gens (et donc l’économie, ndlr)”, a expliqué Pierre Wunsch en marge de la réunion annuelle du Fonds monétaire international (FMI) à Washington.
“Il existe un risque réel d’inadéquation des politiques, entraînant à la fois des taux d’intérêt plus élevés – parce que nous devons faire notre travail – et des déficits budgétaires plus importants”, a-t-il ajouté.
Selon le gouverneur de la BNB, il est “raisonnable” d’augmenter les taux d’intérêt de 0,75 à 3% actuellement pour maîtriser les prix à la consommation. Une “guerre des subventions” où les pays injecteraient massivement de l’argent dans leurs entreprises énergivores ne ferait qu’ajouter à la pression.
Enfin, une récession technique en Europe est désormais le “scénario de base”, mais cela ne suffira pas à “maîtriser” l’inflation. “Le marché s’attend à ce que nous ramenions le taux d’intérêt à 3 %. Nous devons en tenir compte. Dans le même temps, la BCE doit rapidement travailler à l’élimination des 5.000 milliards d’euros d’obligations d’État qu’elle a achetées pendant les années de crise”, a conclu le Belge.