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“Nous vivons dans un monde où être deuxième est presque un échec”

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

La suite de records insensés enregistrés par les Bourses en ce début d’année suscite des interrogations. À l’instar du journal Les Échos, la question se pose de savoir si le monde entier n’est pas plein de bulles, partout et dans tous les secteurs. En tout cas, c’est le constat que certains experts font en ce début d’année.

Vous connaissez le dicton latin qui dit que “Jupiter rend fous ceux qu’il veut perdre”: on a un peu l’impression que c’est le cas aujourd’hui. Prenez la Bourse. À New York, elle est en pleine euphorie sans raison vraiment nouvelle: le Dow Jones a franchi un seuil historique à 25.000 points; le Nasdaq, qui est l’indice des valeurs technologiques, a franchi lui la barre des 7.000 points, un record là aussi; quant au S&P 500, qui est l’indice le plus fiable de la bourse américaine car il regroupe les 500 plus grosses sociétés cotées en Bourse, il vient aussi de franchir la barre symbolique des 2.600 points. Bref, c’est l’euphorie, et comme vous vous en doutez, Donald Trump s’en est attribué la paternité.

Mais l’euphorie, pour ne pas dire les bulles, n’est pas réservée à la Bourse. Souvenez-vous: l’an dernier, le sport n’a pas fait exception avec le transfert du jeune joueur brésilien Neymar au PSG pour la coquette somme de 222 millions d’euros, sans même parler du contrat salarial annuel de ce jeune sportif qui est de l’ordre de 37 millions d’euros par an, soit plus de 100.000 euros par jour!

C’est dingue, mais ce n’est pas le seul secteur rendu fou par Jupiter. C’est aussi le cas du monde de l’art: fin de l’année dernière, la maison de vente Christie’s a réussi grâce à un marketing efficace à vendre le Salvator Mundi attribué à Léonard de Vinci pour la somme folle de 450 millions de dollars, ce qui en fait le tableau le plus cher du monde. On sait aujourd’hui que c’est le musée d’Abou Dhabi qui se l’est offert.

Comment expliquer le vent de folie pour le bitcoin et toutes ces bulles qui apparaissent un peu partout?

Et puis, il y a cette folie qui s’est emparée de tout le monde pour ces monnaies virtuelles que sont les bitcoins. Mais justement, comment expliquer ce vent de folie et toutes ces bulles qui apparaissent un peu partout? La réponse est simple: l’appât du gain. En effet, les taux d’intérêt sont tellement bas, depuis tellement longtemps, qu’ils ont anesthésié le bon sens de certains investisseurs. Ces investisseurs veulent du rendement, ils sont affamés et ils cherchent du rendement partout, parfois sans discernement!

Il y a aussi l’effet Pavarotti qui joue à plein: soit l’expression d’économiste qui désigne le fait que le premier dans un secteur rafle la mise et laisse des miettes au second. Si sur un site de musique online, vous savez grâce à la notation que l’interprétation de Pavarotti pour untel morceau est la meilleure, les flux d’achats iront en grande majorité sur Pavarotti au détriment d’un autre interprète. Les gens n’y pensent pas, mais dans l’économie de l’immatériel, le coût total de production est le même que l’on vende une unité du produit ou 10 millions: c’est pourquoi aujourd’hui, les premiers de classe dans leur secteur raflent la mise.

Voilà pourquoi, par exemple, Facebook est le premier réseau social, Google le premier moteur de recherche, et Amazon le premier e-commerçant du monde: l’économie immatérielle donne une prime au premier au détriment des autres. Nous vivons dans un monde où être deuxième est presque un échec! “You never win silver, you lose gold”, comme disent les Américains…

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