NewB à la recherche des contours de son modèle participatif

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Quelque 300 coopérants de NewB ont adopté vendredi, lors d’une assemblée générale au Heysel, le règlement d’ordre intérieur de cette coopérative qui espère se muer en banque à caractère éthique dans les prochains mois.

L’occasion pour les dirigeants de faire le point sur les défis à relever et de prendre le pouls auprès d’un petit échantillon des 42.000 adhérents. Le règlement d’ordre intérieur définit les modes de participation des coopérants. Ceux-ci auront notamment un “pouvoir d’interpellation”: ils peuvent interroger par écrit les dirigeants de la banque, qui sont tenus de répondre dans un délai de quinze jours. Ils peuvent également soumettre, encore par écrit et 7 jours à l’avance, des questions ou des motions qui seront soumises à l’assemblée générale.

Cette disposition a suscité des échanges avec quelques coopérants irrités par l’impossibilité de soumettre des questions en direct pendant l’assemblée. Elle “cadenasse” le débat, a dit l’un d’entre eux, jugeant que “le débat, c’est aussi ce qui surgit”.

“Matériellement, on ne peut pas donner la parole à tout le monde”, a réagi Bernard Bayot, le président de la coopérative.

Interrogé par Belga, il souligne qu’à l’instar des autres organisations démocratiques, NewB est confrontée au défi de la participation. Il est prévu de permettre l’implication des coopérants à plusieurs niveaux: via des forums sur internet, mais aussi dans des assemblées locales plus propices aux discussions. Lors des assemblées générales, les coopérants pourront trancher les grandes questions, notamment la politique de crédit.

Très loin d’atteindre le quorum de 50% de présence, l’assemblée générale n’a pas pu vendredi réformer les statuts et lancer le processus de mutation en banque. Une nouvelle AG est dès lors prévue le samedi 6 juillet. M. Bayot mise sur une présence plus importante, même si les statuts pourront cette fois être modifiés indépendamment du quorum.

Une fois ce mouvement amorcé, NewB passera à la phase suivante de son développement. Car si elle a récolté un peu moins d’un million d’euros sous forme de parts A (acquises à 2.000 euros par les organisations fondatrices) et de parts B (vendues à 20 euros au grand public), il s’agit désormais de trouver des gros investisseurs (parts C) pour capitaliser la banque, avec un objectif initial de 50 à 70 millions d’euros.

M. Bayot mise pour moitié sur un intérêt continu de la société civile et du public, qui pourront bientôt placer davantage d’argent dans le projet. Les revenus bénéficient d’une exonération fiscale en dessous de 190 euros.

Pour l’autre moitié, le président de NewB compte sur des investisseurs “publics et privés”. La crise a montré que les établissements de crédit coopératifs offraient un rendement plus stable que les banques commerciales, souligne-t-il.

La nouvelle banque pourront ouvrir ses portes d’ici deux ans – même s’il n’y aura pas de portes à proprement parler, puisqu’elle sera “full internet”. Elle ne sera pas pour autant déshumanisée. Les clients pourront rencontrer des “ambassadeurs” locaux et des “agents ambulants” qui se déplaceront chez eux ou dans leur localité.

M. Bayot prévoit que l’épargne ne sera placée que progressivement dans NewB. “Il y a en Belgique 19 millions de comptes”, dit-il. “Nous faisons l’hypothèse que les coopérants vont probablement faire de NewB leur deuxième ou troisième banque” dans un premier temps.

L’assemblée générale a également permis de faire le point sur la relation envisagée avec la banque néerlandaise Triodos, qui capte déjà sur le marché belge une part de l’épargne éthique. Selon M. Bayot, il y a de la place pour deux sur ce marché en croissance. Le président de NewB privilégie une logique de coopération à la concurrence effrénée. NewB pourrait par exemple commercialiser les fonds éthiques de Triodos ou s’associer avec elle pour des prêts importants, suggère-t-il.

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