Les risques de blanchiment signalés par les banques ont augmenté avec les scandales financiers
Les risques de blanchiment signalés aux autorités par les banques suisses ont nettement augmenté entre 2015 et 2019 à la suite des scandales financiers comme les Panama Papers ou le scandale 1MDB, selon un rapport du ministère suisse des Finances publié vendredi.
Entre 2015 et 2019, le nombre de signalements remontés au Bureau de communication en matière de blanchiment d’argent (MROS) ont été quatre fois plus nombreux en moyenne annuelle que sur les dix années précédentes, selon un rapport qui dresse un état des lieux des risques de blanchiment d’argent en Suisse.
En moyenne, 4.758 cas ont été remontés à cette autorité chargée d’analyser les risques et si nécessaire de les transmettre aux autorités de poursuite pénale chaque année sur la période, contre une moyenne de 1.113 entre 2004 et 2014, les banques étant à l’origine du plus grand nombre d’alertes.
Cette “pluie de signalements” s’explique par le fait que les banques, plus exposées au risque de blanchiment, et donc plus sensibles aux risques qui peuvent les éclabousser, contrôlent davantage leurs clients depuis 2015, d’après les auteurs de ce rapport.
“Les années 2015-2019 ont été marquées par l’éclatement de grandes affaires de corruption étrangère”, ont-ils retracé, citant en exemple l’opération “Lava Jato” au Brésil, le scandale “1MDB en Malaisie” mais aussi les révélations du consortium international des journalistes d’investigation comme les “Panama Papers” ou “Paradise Papers”.
S’y sont aussi ajoutées les affaires dites de Laundromat, impliquant des “flux massifs” de fonds provenant de pays d’ex-URSS, “souvent par l’entremise de banques baltes”, ont-ils ajouté.
“Instruits par les exemples de ces grandes affaires internationales de blanchiment qui ont fait émerger d’importantes ramifications en Suisse, les banques surveillent mieux leurs clients et multiplient les contrôles”, ont constaté les auteurs de ce rapport.
Mais ils mettent aussi en avant les exigences accrues en matière de contrôle, qui ont été renforcées depuis un précédent rapport réalisé en 2015, poussant les banques à “multiplier les vérifications internes”.
Réalisé par le groupe interdépartemental de coordination sur la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, ce rapport passe en revue les grands risques auxquels est exposée la Suisse afin de pouvoir “lutter efficacement”.
Son analyse porte sur les banques et gestionnaires de fortune mais aussi sur les intermédiaires non-financiers, dont le négoce de matières premières, qui continue de présenter “un risque important”.
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