Lire la chronique d' Amid Faljaoui
Les nouveaux millionnaires du COVID et l’illusion mortelle des moyennes
Ceux et celles qui pensent que nous vivons dans un monde injuste et inégalitaire ne seront pas étonnés par l’information dont je vais vous parler. Celle-ci a été dévoilée par le Financial Times, la bible des hommes d’affaires du monde entier. Et cette nouvelle est basée sur une étude de la banque privée Crédit Suisse.
L’information en question montre que malgré la pandémie, il y a aujourd’hui 5 millions de personnes en plus qui sont devenues millionnaires. En fait, selon cette étude, cette crise a permis au patrimoine global des ménages d’augmenter de 28.000 milliards de dollars. Bien entendu, c’est un chiffre global qui cache beaucoup de disparités. Et puis ce montant est tellement immense qu’on arrive à peine à imaginer ce qu’il représente…
Bon, parlons peu, mais parlons bien : comment se fait-il qu’en dépit de ce satané virus, il y a plus de millionnaires sur cette terre qu’auparavant ? La réponse est double : premièrement c’est parce que les marchés boursiers se portent bien, ensuite c’est parce que l’immobilier résidentiel se porte bien aussi.
Maintenant, allons plus loin : pourquoi ces deux marchés se portent-ils bien ? Là, une seule réponse : parce que les taux d’intérêt sont ultra-bas sur un plan historique. Ils sont si bas, parce que les gouvernements, en concertation avec les banques centrales, ont fixé artificiellement les taux d’intérêt au plancher, pour notamment permettre aux Etats qui se sont endettés avant, pendant et après la pandémie, de pouvoir rembourser leurs dettes publiques sans être étranglés. Autrement dit, ces taux d’intérêt bas sont là pour sauver nos finances publiques !
C’est une bonne chose en soi, mais le revers de la médaille, c’est que ces taux bas enrichissent ceux et celles qui ont un patrimoine. Soit financier, auquel cas ils l’investissent en Bourse. Or, la Bourse se porte bien car tous les autres placements ne rapportent rien… La Bourse augmente, j’ai failli dire presque mécaniquement, car nous n’avons pas d’autres alternatives pour faire fructifier notre argent. Et la seule autre alternative, c’est l’immobilier. Aujourd’hui, l’immobilier résidentiel se porte bien car il y a une forte demande qui se traduit par une hausse du prix de l’immobilier plus rapide que celles des salaires.
Le paradoxe dans tout cela, ce n’est pas que les pauvres des pays riches sont devenus subitement plus pauvres (d’autant que l’Etat est intervenu pour limiter la casse durant la pandémie) mais c’est surtout le fait que les riches sont devenus plus riches. Comme le faisait remarquer un commentateur boursier, les inégalités explosent mais par le haut. Cela mériterait une analyse plus fine. En Flandre par exemple, le taux de chômage est à un niveau très bas ; c’est fou car on sort à peine de plusieurs confinements et le pouvoir d’achat des Belges, c’est une première dans l’histoire d’une crise, ressort renforcé. En moyenne bien entendu, car les Belges n’ont pas pu dépenser leur salaire en voyage, restos ou sorties culturelles.
Drôle de crise en effet… Le sentiment d’inégalité est fort mais les moyennes disent autre chose. Attention, il faut se méfier des moyennes : mettez la tête d’un homme dans un frigidaire et ses jambes dans un four, en moyenne, il est à 37°, en réalité, il est mort !
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