Les grandes banques américaines se préparent à une dégradation de l’économie

JPMorgan

Les grandes banques américaines, aidées par la hausse des taux et la volatilité sur les marchés, ont dégagé des résultats solides fin 2022, mais anticipent une dégradation de l’économie et ont mis plus d’argent de côté pour faire face aux éventuels impayés.

La plus grande d’entre elles, JPMorgan Chase, estime désormais qu’une “récession modérée” à partir du 4e trimestre est le scénario le plus probable, tandis que Citigroup et Bank of America ont évoqué une “détérioration” des perspectives et Wells Fargo un environnement économique “moins favorable”.

Pour se préparer à la possibilité que leurs clients ne puissent pas rembourser leurs dettes, elles ont augmenté leurs réserves: de 1,4 milliard de dollars chez JPMorgan Chase, de 640 millions à Citigroup, de 403 millions à Bank of America et de 397 millions chez Wells Fargo.

En attendant, les établissements ont continué à engranger des profits, même s’ils ont été parfois moins élevés qu’en 2021.

Les bénéfices net ont ainsi augmenté au quatrième trimestre de 6%, à 11 milliards de dollars, chez JPMorgan et de 2%, à 6,9 milliards, pour Bank of America.

Ils ont en revanche reculé de 21% à 2,5 milliards de dollars pour Citigroup et de 50% à 2,9 milliards chez Wells Fargo.

L’économie américaine reste “solide actuellement avec des consommateurs qui continuent à dépenser leur argent et des entreprises saines”, a souligné le patron de JPMorgan Jamie Dimon.

Les dépenses effectuées par les clients particuliers de la banque avec leurs cartes de débit et de crédit ont ainsi progressé de 9%, a-t-il assuré.

De plus, les effets de la pandémie de Covid-19 continuent à s’estomper. Mais il reste encore de nombreuses incertitudes sur les “effets ultimes” des tensions géopolitiques comme la guerre en Ukraine, de la vulnérabilité des marchés énergétique et alimentaire, de l’inflation et de la hausse des taux directeurs engagée par la banque centrale américaine, a-t-il ajouté. Aussi la banque reste-t-elle “vigilante” et se prépare à tout”.

Sauf pour Wells Fargo, le chiffre d’affaires des grands établissements américains a progressé, grâce notamment à la hausse des revenus nets d’intérêts, soit la différence entre les intérêts qu’une banque gagne sur les prêts consentis à ses clients et les intérêts qu’elle verse aux épargnants et autres créanciers.

Ces revenus nets d’intérêt, dopés par la hausse des taux engagée en 2022 par la banque centrale américaine pour lutter contre la forte inflation, ont bondi de 48% chez JPMorgan, de 29% à Bank of America et de 45% chez Wells Fargo.

La hausse des taux a toutefois aussi des effets négatifs, en dissuadant par exemple certains ménages de se lancer dans un achat immobilier.

Les revenus tirés de cette activité ont ainsi chuté de 57% chez Wells Fargo ou de 46% chez JPMorgan.

Au vu de l’incertitude économique, les entreprises hésitent par ailleurs à se lancer dans des levées de fonds, des entrées en Bourse ou des opérations de fusion-acquisition, faisant plonger les commissions générées par les banquiers d’affaires: de 58% chez Citigroup, 57% chez JPMorgan, de 54% chez Bank of America, de 32% chez Wells Fargo.

Les activités des banques sur les marchés financiers, particulièrement agités au quatrième trimestre, se sont en revanche bien tenues.

Les actions des banques étaient dans leur ensemble orientées à la baisse dans les échanges électroniques précédant l’ouverture de la séance à Wall Street: -2,6% pour JPMorgan, -1,9% pour Bank of America, -3,5% pour Wells Fargo, -0,6% pour Citigroup.

Pour les analystes de Briefing, cette faiblesse est liée au fait que les actions avaient beaucoup bougé avant la publication des résultats et au fait que les banques “ont toutes augmenté leurs provisions pour pertes de crédit en prévision d’un certain affaiblissement économique”.

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