Les Bourses asiatiques retombent dans leurs travers, plombées par le pétrole

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Les Bourses asiatiques ont lourdement trébuché mercredi, dans le sillage des places européennes et de Wall Street, lestées par la rechute du baril de pétrole sous les 30 dollars qui a ravivé les angoisses des marchés en ce début d’année calamiteux.

A Tokyo, l’indice phare Nikkei a perdu 3,15% (-559,43 points) à 17.191,25 points, oubliant l’optimisme qui avait suivi l’adoption surprise par la Banque du Japon (BoJ) de taux négatifs pour dynamiser l’activité économique. Il avait déjà cédé du terrain mardi, après deux jours de franc rebond.

L’euphorie se sera vite dissipée. “Depuis la décision de la Banque du Japon la semaine dernière, les marchés sont nerveux, craignant que les banques centrales soient incapables de combattre les risques de déflation entraînés par le plongeon des prix du pétrole”, a commenté, dans une note citée par l’agence Bloomberg, Mark Smith, économiste de la banque ANZ de Nouvelle-Zélande.

Ailleurs dans la région, la tendance était similaire.

La Bourse de Hong Kong plongeait de plus de 2% dans l’après-midi. Shanghai, soutenue la veille par l’injection par la banque centrale chinoise de milliards de yuans sur le marché avant le Nouvel an, a aussi battu en retraite, même si elle a fini sur un repli modeste (-0,38%). Sydney (-2,33%) et Manille (-1,82%) ont aussi terminé dans le rouge.

Mardi, les Bourses européennes et Wall Street avaient donné le ton, l’Eurostoxx 50 abandonnant 2,29%, tandis que le Dow Jones décrochait de 1,80% et le Nasdaq de 2,24%.

Sur le volet des changes, le yen, considéré comme une valeur refuge, se renforçait sensiblement, le dollar s’affichant autour de 119,80 yens dans l’après-midi à Tokyo, contre 120,49 yens la veille. Parallèlement, le taux des nouvelles obligations de l’Etat japonais à échéance dix ans a chuté mercredi à 0,045%, du jamais vu, les investisseurs se ruant sur les placements sûrs.

Débâcle pétrolière

C’est encore une fois l’or noir, obsession des investisseurs en ce début 2016 exécrable sur les marchés, qui a précipité ce nouveau plongeon des Bourses. Les cours du baril de “light sweet crude” (WTI) sont retombés mardi à New York sous le seuil des 30 dollars pour la première fois depuis le 21 janvier, et ils étaient encore orientés à la baisse mercredi dans les échanges électroniques en Asie.

Depuis l’été 2014, le prix du baril a dégringolé de 70% sur fond d’offre trop abondante face à une faible demande.

La baisse continue des cours du brut est en grande partie imputable à l’offensive commerciale de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), principalement de l’Arabie saoudite, qui inonde le marché d’or noir afin de contrer l’essor des hydrocarbures de schiste aux États-Unis. Elle s’explique aussi par la faiblesse de la demande chinoise, qui ne joue plus son rôle de locomotive.

La semaine dernière, les cours s’étaient repris à la faveur de spéculations sur la possibilité d’un accord entre la Russie et l’Opep, mais la fébrilité a refait surface à l’approche de la publication des statistiques hebdomadaires du ministère américain de l’Energie (DoE), attendues dans la journée.

Principales victimes de ce marasme pétrolier, les valeurs liées aux matières premières ont amplifié leurs pertes mercredi. A Tokyo, les sidérurgistes JFE Holdings et Nippon Steel & Sumitomo Metal (NSSM) ont abandonné chacun plus de 7%.

En Europe mardi, la compagnie pétrolière britannique BP avait vu son action décrocher de 8,7% après avoir annoncé une perte annuelle de 6,5 milliards de dollars et des milliers de suppressions d’emplois supplémentaires.

Son concurrent américain ExxonMobil a mieux résisté mais ses bénéfices ont tout de même été divisés par deux en 2015 et de nouvelles cures d’austérité se profilent cette année.

“Quand on voit BP faire part de résultats aussi désastreux et Exxon contraint de réduire encore les dépenses, on prend conscience de l’impact que le pétrole bon marché a sur l’économie. Les fondements se détériorent et le spectre d’une récession grandit”, a averti Chris Weston, analyste chez IG à Melbourne, interrogé par Bloomberg News.

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