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Les banquiers, gagnants inattendus de la crise sanitaire ?

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

On dit souvent qu’à quelque chose, malheur est bon. C’est ce que doivent se dire, depuis quelques mois, la plupart des banquiers européens.

La crise du covid-19 leur a permis au secteur bancaire de redorer son blason auprès de la population et d’accélérer la fermeture des agences bancaires sans que personne ne proteste. Ce double salto arrière est en soi une divine surprise pour les dirigeants de nos banques.

Quand la crise sanitaire a éclaté, aucun d’eux n’aurait imaginé un dénouement pareil. Parlons de l’image de marque d’abord. Les citoyens ne portaient plus trop les banques dans leur coeur après la crise de 2008 parce que les citoyens voyaient les banquiers comme l’origine de cette crise. Ce n’est pas faux, même si ce sont des banquiers américains qui sont à l’origine de la crise. Avec la crise sanitaire, les banquiers (que ce soit en Belgique ou ailleurs) apparaissent comme faisant partie de la solution en soutenant l’économie, même s’il faut reconnaitre qu’ils l’ont fait en étant un petit peu poussés par nos gouvernements. Et puis, en matière de confiance, c’est beaucoup mieux qu’en 2008.

A l’inverse des Facebook et les autres réseaux sociaux qui démontrent chaque jour qu’ils font un usage déraisonnable de nos données numériques, le banquier apparait – en creux – comme un vrai tiers de confiance qui lui n’abuse pas de nos données. L’autre partie de cette divine surprise, c’est que comme nous avons été confinés à demeure, les banques ont été forcées de mettre les bouchées doubles pour rattraper leur retard en matière de numérisation. Mieux encore, la pandémie a fait en sorte que la population adopte encore plus vite les applications bancaires. Le résultat, c’est que les fermetures d’agences bancaires sont passées inaperçues. Normal, puisque plus personne ne va à la banque et comme la pandémie est passée par là avec ses obligations de prendre rendez-vous, plus personne ou presque ne proteste. L’anormal est devenu normal. Mais attention, n’en déduisez pas que les agences bancaires seront vouées au même sort que la sidérurgie. Les agences seront moins nombreuses certes, mais elles seront dédiées à des conseils plus pointus, avec de la valeur ajoutée.Et qui dit valeur ajoutée, dit plus grosse marge pour les banques. Le vrai défi aujourd’hui des banquiers, c’est de se diversifier, mais aussi de former les employés de ces agences. Et là, il y a encore du boulot, car le niveau moyen reste trop faible pour offrir des services à valeur ajoutée dignes de ce nom.

Réaménager les agences bancaires pour en faire des lieux plus conviviaux est une chose assez facile, il suffit de trouver un bon designer et de le ou la payer en conséquence. Mais réussir le chantier de la formation des conseillers bancaires, c’est autrement plus difficile. Le capital humain demande du temps et de l’attention : deux denrées rares aujourd’hui.

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