Les banques paient aujourd’hui le prix de leurs dérives (graphique)

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Aux Etats-Unis, les multiples régulateurs continuent leur traque des dérives bancaires ayant conduit au krach de 2008. En 2013 et 2014, ils ont fait pleuvoir une pluie d’amendes sur les géants bancaires.

Les banques paient aujourd'hui le prix de leurs dérives (graphique)
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Aujourd’hui, le rythme a baissé mais certaines affaires restent spectaculaires. Comme le règlement que la Deutsche Bank (DB) négocie avec le Département de la Justice pour s’éviter un procès et une perte de licence. L’établissement de Francfort s’est vu réclamer 14 milliards de dollars mais pourrait ramener l’ardoise finale autour des 5 milliards.

Est en cause son implication dans les subprimes. Ce scandale a déjà donné lieu aux plus grosses pénalités. Tous les grands noms de Wall Street y sont passés : Bank of America, JP Morgan, Citigroup, Goldman Sachs, etc. Fanatique des opérations de marchés et très active aux Etats-Unis, la DB devait s’attendre à devoir rendre des comptes.

Pour rappel, entre 2000 et 2007, ces groupes ont eu – entre autres – l’idée de regrouper des milliers de créances immobilières, dont certaines à risque comme les crédits à taux variables accordés aux ménages peu ou pas solvables, les fameux subprimes. Ils les ont placés dans des produits structurés, les Residential Mortgage Backed Securities (RMBS). Ils ont ensuite vendu ceux-ci à des investisseurs mais sans leur détailler tous les risques. La suite est connue : les subprimes ont fait défaut et ont tout flanqué par terre.

Huit ans après la crise, 150 milliards de dollars ont été réclamés en dédommagement de cette ruine, selon un décompte effectué par Le Monde. Et 60 milliards ont été exigés pour une kyrielle d’autres dérives (voir “une longue liste de dérives” sur le graphique). L’addition peut paraître colossale mais il faut la remettre en perspective avec les profits dégagés par le secteur. En 2015 – sur un seul exercice donc – les 5.338 banques commerciales américaines ont engrangé collectivement un bénéfice net de 151 milliards, selon un des régulateurs US, la FDIC.

Dans le cas de la DB, il est moins sûr qu’une méga-amende puisse être absorbée sans accroc. ” C’est que cette banque traîne une quantité considérable de litiges, rappelle Philippe Lamberts, député européen écologiste et spécialiste des matières financières. Et les moyens qu’elle a provisionnés pour y faire face ne suffiront pas. De plus, elle apparaît sous-capitalisée et possède un important portefeuille de produits dérivés complexe à se défaire. En fait, la DB, c’est un gigantesque hedge fund paré d’une façade de banque de détail. ” Quant aux amendes, sont-elles dissuasives ? Difficile à apprécier. Pour le moment, l’impression est que la finance débridée des années 2000 s’est calmée. Mais pour combien de temps ? Et puis, ce sont à chaque fois les firmes qui ont été mises à l’amende. Jamais les hommes qui ont agi derrière elles.

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