Le FMI exhorte à “accepter la réalité” de la dette grecque

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Le FMI a implicitement fait pression jeudi sur la zone euro pour qu’elle allège la dette grecque et “accepte la réalité”, mettant en garde contre la tentation de “prétendre” qu’un pays insolvable peut rembourser ses créanciers.

“Prétendre qu’une dette impayable peut être remboursée ne fera que saper les efforts d’ajustement du débiteur et finira par faire perdre à toutes les parties plus que si elles avaient rapidement accepté la réalité”, écrivent trois hauts cadres du Fonds monétaire international dans un article aux visées générales mais qui fait directement écho à l’épineux cas grec.

Depuis plusieurs mois, le Fonds exhorte la zone euro à restructurer la dette grecque pour la ramener à un niveau “soutenable”, sans quoi il ne pourra pas contribuer financièrement au plan d’aide accordé par Bruxelles à Athènes à l’été 2015.

L’institution se heurte toutefois à l’opposition de plusieurs pays européens -dont l’Allemagne- qui récusent son diagnostic alarmiste sur la dette et qui refusent d’accorder un nouvel allègement à Athènes.

Pour l’heure, les Européens se sont contentés d’un vague engagement à éventuellement examiner une possible restructuration, à la condition que la Grèce respecte ses engagements à réformer son économie.

Dans leur blog, les trois responsables du FMI -dont son chef économiste Maurice Obstfeld et le chef de son département Europe Poul Thomsen- estiment pourtant que cet engagement doit dès à présent être “suffisamment crédible” dans les situations comparables au cas grec.

“Un engagement excessivement vague renforcerait l’incertitude, notamment sur les marchés financiers, sur la réalité de l’allègement de dette et saperait ainsi les chances de succès du programme (d’aide, NDLR)”, écrivent-ils, prenant soin de ne pas mentionner expressément la Grèce.

Les trois experts semblent également mettre en cause la stratégie européenne qui consiste à conditionner tout allègement de dette grecque à de stricts objectifs budgétaires, notamment un excédent primaire (hors charges de la dette) de 3,5% du PIB qu’ils jugent hors de portée.

“Si nous pouvons accepter de conditionner l’allègement de dette à des objectifs budgétaires (…), ces objectifs doivent être réalistes pour que la stratégie sur la dette reste crédible”, écrivent-ils.

Cet article confirme donc que des désaccords demeurent entre le FMI et la zone euro. A l’issue d’une réunion de l’Eurogroupe lundi sur la Grèce, le Fonds avait salué des “progrès” sur les réformes tout en assurant déjà qu’il fallait encore “aplanir les divergences sur d’autres questions importantes”.

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