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Le concept économique de crise avec… une mèche longue

Il parait que la vieillesse, c’est quand on commence à dire, ” jamais je ne me suis senti aussi jeune “. C’est l’écrivain Jules Renard qui est à l’origine de cette phrase alors que le pauvre nous a quitté avant d’atteindre la cinquantaine…

Je démarre par cette note d’humour parce qu’en lisant la presse économique, j’ai l’impression qu’on est dans la même phase de déni de la réalité. Voici un exemple très récent. Plusieurs de mes confrères ont relayé les propos de Robert Shiller, prix Nobel d’économie et très connu des journalistes car c’est une icône de la science économique. Ce professeur d’université était en Europe pour promouvoir son dernier livre, et comme d’habitude, lorsqu’un prix Nobel d’économie est dans les parages, les journalistes économiques se précipitent pour lui demander son avis sur l’état, non pas de notre âge, mais de notre tuyauterie ; autrement dit, ils veulent savoir s’ils doivent avoir peur d’une récession ou pas.

La récession, c’est la grande question des journalistes économiques en ce moment ! Comme les Etats-Unis connaissent la plus longue période de croissance économique, ils veulent savoir quand s’arrêtera exactement cette extase économique. Bref, à quand la récession, s’il vous plaît ? Et Robert Shiller leur répond que selon ses calculs, les probabilités d’une récession aux Etats-Unis sont jugées à moins de 50% pour l’année 2020 ! Tout le monde applaudit cette prévision du grand économiste… En réalité, cela me fait penser à la phrase de l’humoriste Philippe Bouvard : au fond, c’est quoi un journaliste ? C’est quelqu’un qui pose une grande question et se contente souvent d’une petite réponse. C’est exactement cela qui s’est produit quand ce prix Nobel d’économie nous dit qu’il y a une chance sur deux qu’une récession se produise en 2020…

Aujourd’hui la grande crainte des investisseurs en Bourse, c’est l’inversion de la courbe des taux d’intérêt. Cela a l’air compliqué dit comme cela, mais cela veut juste dire que les taux d’intérêt à court terme sont inférieurs aux taux d’intérêt à long terme, et cela n’est pas normal ! Quand par exemple le taux d’intérêt sur un prêt de 30 ans est inférieur aux taux d’intérêt d’un prêt à court terme, cela veut juste dire qu’il y a moins de choses qui peuvent tourner mal dans 30 ans que par exemple dans un mois… Une hérésie complète car le temps en principe dégrade tout : les êtres humains, les bâtiments, les machines qui rouillent et même le lait qui tourne.

Tout cela est vrai sauf dans la finance d’aujourd’hui. Sinon comment expliquer cette inversion des taux ? Mais ce n’est pas tout, les économistes à la mode nous expliquent qu’il ne faut pas avoir peur d’une inversion de la courbe des taux d’intérêt parce qu’ils ont inventé le concept de… “récession avec une mèche longue”. Autrement dit, ils ont calculé qu’entre le moment où la mèche est allumée par une inversion de la courbe des taux d’intérêt et le moment où le marché boursier explose, les investisseurs ont en moyenne 18 mois pour prendre leurs gains. Traduction : même quand les signaux sont là pour nous dire, attention danger, les sorciers économistes nous rassurent et disent que statistiquement nous avons encore 18 mois pour danser, boire et nous amuser… Si cela, ce n’est pas de l’économie vaudou, qu’est-ce que c’est alors ?

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