Le bitcoin passe la barre des 11.000 dollars: “Ce sera la plus grosse bulle de notre vie”

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Le cours du bitcoin s’est envolé mercredi au-dessus de 11.000 dollars après avoir vu sa valeur multipliée par dix en moins d’un an, suscitant un intérêt des investisseurs mais aussi un risque de bulle croissants.

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Cette monnaie cryptographique, qui s’achète et se vend sur des plate-formes spécialisées sur internet, a passé la barre des 10.000 dollars dans les premiers échanges en Asie, selon des données compilées par l’agence d’information Bloomberg. Vers 15H00 GMT, un bitcoin valait 11.150 dollars.

A la mi-octobre, il s’échangeait encore au cours de 5.000 dollars, soit moins de la moitié la valeur atteinte mercredi. Cette récente flambée est d’autant plus spectaculaire qu’il avait commencé l’année autour de 1.000 dollars.

Le cours du bitcoin a été fortement stimulé le mois dernier, après que l’Américain CME (Chicago Mercantile Exchange) Group, l’un des plus importants opérateurs boursiers mondiaux, eut annoncé fin octobre le lancement prochain de contrats à terme dans cette monnaie.

L’annonce a entraîné une hausse de sa valeur, le nombre des bitcoins pouvant être mis en circulation étant limité. Ainsi, la capitalisation totale du bitcoin s’élève à environ 180 milliards de dollars, selon les données du site internet coinmarketcap.com qui suit les capitalisations boursières des cryptomonnaies.

A titre indicatif, le groupe Coca-Cola est valorisé à 195 milliards de dollars.

Sans existence physique, le bitcoin, qui ne valait que quelques centimes en 2009 au moment de sa mise en circulation, s’appuie sur un système de paiement de pair-à-pair reposant sur la technologie dite “blockchain”, ou “chaîne de blocs”, et n’a pas de cours légal.

Il n’est pas régi par une banque centrale ou un gouvernement mais par une vaste communauté d’internautes et accepté dans un nombre grandissant de transactions (restaurants, immobilier, etc.).

Solution alternative ou escroquerie ?

“C’est un actif très particulier, par définition spéculatif si l’on regarde l’évolution de son prix”, a déclaré mercredi à la chaîne de télévision américaine CNBC le vice-président de la Banque centrale européenne Vitor Constancio.

Tout en prédisant d’importantes fluctuations au bitcoin, M. Constancio “ne croit pas qu’elles vont s’étendre à d’autres marchés”.

A la mi-septembre, le PDG de la banque JPMorgan, Jamie Dimon, avait estimé que le bitcoin était une “escroquerie” destinée à “imploser”, tandis que le patron de Credit Suisse, Tidjane Thiam, avait récemment déclaré que c’était “la définition même d’une bulle”.

“C’est une bulle et il y a beaucoup de mousse. Ca sera la plus grosse bulle de notre vie”, a prévenu Mike Novogratz, gestionnaire de fonds spéculatifs, au cours d’une conférence sur la cryptomonnaie mardi à New York.

Stephen Innes, chez le courtier Oanda à Singapour, a de son côté mis en garde contre des “chiffres fous” et ajouté : “Je crains que les détaillants ne sautent sur l’occasion sous le faux prétexte que cela fonctionnera pour toujours”.

“Nous savons que les choses ne sont pas aussi simples”, a-t-il relevé.

La Chine a banni en septembre les échanges de monnaies cryptographiques sur les plate-formes chinoises, assurant vouloir contrer les “activités illégales” mais également endiguer les risques potentiels qu’encourrait son système financier.

L’interdiction chinoise a momentanément chahuté le marché mais les cours ont rapidement repris leur irrésistible ascension.

Pour ses défenseurs, le bitcoin offre une solution alternative sécurisée aux devises traditionnelles : le “blockchain” rend les transactions infalsifiables car, afin de modifier une information, il faudrait la changer simultanément chez tous les utilisateurs.

Cette caractéristique intéresse fortement le secteur bancaire, où ce système pourrait ouvrir de nouveaux horizons, simplifier les transactions dématérialisées et générer des économies.

A Wall Street, la banque d’affaires Goldman Sachs envisage également de spéculer sur le bitcoin pour le compte de ses clients, avait déclaré à l’AFP début octobre une source proche du dossier. Sa rivale JPMorgan Chase s’est également dit “très ouverte” aux monnaies cryptographiques “proprement contrôlées et régulées”.

“Je pense qu’on est toujours sur une tendance haussière forte”, a commenté de son côté à l’AFP Kay Van-Petersen, travaillant pour Saxo Bank à Singapour. Il prédit ainsi que le bitcoin pourrait valoir entre 50.000 à 100.000 dollars dans les six à 18 mois.

Alors que certains analystes s’attendent à un retournement du cours de cette cryptomonnaie, ses partisans disent faire un pari sur le long terme et considèrent le lancement de contrats à terme en bitcoins par le Chicago Mercantile Exchange comme le prochain grand test.

“Si elle survit au CME, il n’y a aucune raison qu’elle ne continue pas à augmenter”, a déclaré à l’AFP Greg McKenna, d’AxiTrader.

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