La guerre en Ukraine présente des risques potentiellement significatifs pour la stabilité financière en Belgique
Une réduction de la croissance économique et une hausse de l’inflation (énergétique) pourraient en effet avoir une incidence significative a averti mardi la Banque nationale dans son rapport annuel en la matière. Le secteur financier belge n’est cependant pas sorti affaibli de la pandémie et jouit d’une position de solvabilité solide. Il est donc à même d’absorber des chocs potentiellement importants, relève, plus positivement, la BNB.
Les expositions directes du secteur financier belge à des contreparties établies en Ukraine, au Bélarus ou en Russie ou directement liées à cette région sont très limitées: fin 2021, cela représentait 0,1% des créances pour le secteur bancaire belge et 0,01% pour celui de l’assurance, selon la Banque nationale. Bien loin de pays comme le Royaume-Uni (plus de 14 milliards de dollars de créance), la France (plus de 10 milliards) ou l’Italie (plus de 9 milliards).
Une réduction de la croissance économique et une hausse de l’inflation (énergétique) consécutives à ce conflit pourraient toutefois avoir une incidence significative sur la stabilité financière, s’inquiète la BNB, évoquant une possible détérioration de la qualité des portefeuilles de crédit des banques belges. Même si l’ampleur de cet impact ne peut être mesurée de manière précise à ce stade, la Banque s’attend à ce qu’il concerne plus fortement les entreprises ayant un recours important à l’énergie ou les ménages dont le bien immobilier présente une faible performance énergétique.
Une part importante des portefeuilles de crédits hypothécaires belges est garantie par des biens dont l’inefficacité énergétique rend les propriétaires potentiellement vulnérables à la hausse des prix de l’énergie, s’ils disposent d’un contrat variable ou si leur contrat fixe arrive à échéance à court terme, pointe, à ce sujet, la BNB.
En outre, l’augmentation potentielle des difficultés de remboursement et la diminution potentielle de la valeur de certains biens immobiliers pourraient amplifier les vulnérabilités sur le marché immobilier belge, sur fond de remontée rapide et marquée des taux d’intérêt, note-t-elle encore dans ses rapports macroprudentiel et sur la stabilité financière, publiés mardi.
Le marché hypothécaire devrait par ailleurs rester accessible aux primo-acquéreurs solvables, prédit l’autorité macroprudentielle. Les marges prévues par les recommandations de la Banque pour octroyer des prêts présentant une quotité élevée n’ont en effet pas été complètement utilisées et une marge de manoeuvre suffisante est donc maintenue. Jusqu’à présent, le marché hypothécaire est d’ailleurs resté dynamique, constate-t-elle, et l’on observe toujours des montants records de crédits hypothécaires octroyés aux jeunes emprunteurs.
N’étant pas sorti affaibli de la pandémie de coronavirus, le secteur financier belge est, enfin, à même d’absorber des chocs potentiellement importants car il jouit d’une position de solvabilité solide. Les fonds propres disponibles du secteur bancaire sont ainsi passés de 19 milliards d’euros fin 2019 à 27 milliards fin 2021. “Même si l’impact effectif du contexte actuel sur le risque de crédit du secteur financier ne peut pas encore être mesuré de manière précise, le secteur financier doit se tenir prêt, si nécessaire, à enregistrer des provisions de manière conservatrice pour les pertes liées aux effets potentiellement matériels de deuxième tour mais également à offrir de façon proactive et bilatérale des solutions “sur mesure” aux emprunteurs confrontés à des problèmes de liquidité ou de remboursement de prêts existants”, recommande la BNB.
Des comportements qui avaient été observés durant la crise du Covid-19 et qui devraient être répétés, si cela s’avère nécessaire, même en l’absence d’un cadre harmonisé concernant par exemple les moratoires sur les remboursements de crédits, conclut la Banque nationale.