La Grèce lance l’opération d’effacement de sa dette

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L’appel d’offres pour l’échange de la dette privée de la Grèce a été lancé ce vendredi soir. Pour parvenir à effacer les 107 milliards d’euros en question, 90% des créanciers privés doivent donner leur accord.

L’échange de dette que lance vendredi la Grèce à destination de ses créanciers privés est un mécanisme complexe qui vise à soulager le pays en effaçant plus de la moitié de l’ardoise, soit 107 milliards d’euros, et en repoussant la date de remboursement du reste. En échange d’une obligation d’un montant initial de 100, la Grèce propose de donner aux créanciers des titres d’une valeur de 46,5 et de renoncer au reste.

Les nouvelles obligations que recevront les créanciers qui accepteront l’échange sont, pour 31,5 de la valeur initiale, des titres grecs et pour 15, des titres du Fonds européen de stabilité financière (FESF). Les obligations du FESF seront de faible durée, pour permettre aux créanciers de recevoir rapidement des liquidités, sans doute dans les deux ans. Les titres grecs, en revanche, seront d’une durée bien supérieure à ceux que détenaient jusqu’ici les créanciers privés.

Concrètement, pour chaque titre échangé, le créancier en recevra 20 nouveaux, d’une durée étalée entre 11 et 30 ans. L’objectif est de repousser les échéances de remboursement de la Grèce sur les montants qu’elle accepte encore d’honorer pour lui laisser le temps de se rétablir. Le fait d’immobiliser l’argent plus longtemps que prévu a un coût pour les créanciers privés, ce qui va se traduire dans leurs comptes par une perte sur les 46,5 préservés lors de l’échange.

Autrement dit, il ne s’agit pas d’un échange standard. “Quand on vous propose de vous rembourser dans dix ans ou dans trente ans, vous choisissez toujours dix ans”, dit Xavier Paper, associé fondateur du cabinet français Paper Audit & Conseil. Obliger un créancier à attendre trente ans au lieu de dix pour obtenir remboursement augmente mathématiquement le risque de non remboursement et l’empêche de choisir d’autres placements.

En outre, le taux d’intérêt des nouvelles obligations n’est que de 3,65% environ en moyenne, soit sensiblement moins que celui des titres que les créanciers privés avaient en leur possession. Ce rendement moins intéressant induit également une perte supplémentaire pour les créanciers privés. Au total, la perte finale devrait donc se situer autour de 73% de la valeur qui était retenue dans leurs comptes. Du point de vue de la Grèce, en revanche, l’effacement est bien de 53,5% de l’ardoise détenue par les créanciers privés, soit 107 milliards d’euros.

Trends.be, avec Lexpansion.com

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