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La Bourse, victime des courants d’air ?

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

Si vous avez des amis qui sont investis en Bourse, vous aurez constaté qu’ils tirent la tête. Il est vrai que les marchés financiers sont dégueulasses en ce moment, je n’ai pas d’autres mots pour qualifier la situation actuelle.

La seule chose à faire, c’est de rester bien assis sur son siège. Comme dirait le commentateur boursier Marc Fiorentino, “est-ce que vous sautez par le hublot de l’avion quand on vous annonce qu’on entre dans une zone de turbulence ?”. Ceux qui passent le mieux la tempête en ce moment sont ceux et celles qui ont le plus diminué leur part en actions à un niveau le plus faible possible. Si c’est votre cas, vous pourrez sans doute faire des soldes un peu plus tard en Bourse quand la tempête boursière se sera calmée. Si ce n’est pas le cas, il faudra juste faire le dos rond et surtout ne pas aller contre le marché. Ce qui me fait penser à cette blague de cette dame qui entend à la radio qu’une voiture circule à contresens sur l’autoroute. Elle appelle son mari qui justement venait de prendre l’autoroute pour aller à son boulot et elle lui dit : “fais attention mon chéri, il y a un abruti qui conduit à contresens”. Et son mari lui répond : mais tu plaisantes, ils sont tous en train de rouler à contresens.”

Pour être un peu optimiste, je pense qu’aujourd’hui, c’est Marc Fiorentino qui décrit mieux la situation actuelle en Bourse : on assiste à ce qu’il appelle un “repricing”. Ca veut juste dire que ce qui était anormal redevient – enfin – normal. En clair, quand les taux d’intérêt étaient de 0 % voire même négatifs, il n’y avait pas d’alternatives, tous les investisseurs se ruaient sur des actions ou des cryptomonnaies pour avoir du rendement. Et ça marchait, car il n’y avait pas d’alternative. Aujourd’hui, les taux d’intérêt ont augmenté, et il y a donc des alternatives. La preuve, si vous voulez acheter des obligations de l’Etat américain, elles vous rapportent 3.35% . Même les obligations de l’Etat allemand, qui hier encore avaient un rendement négatif, vous donnent aujourd’hui du 1.62%. Bien sûr, si vous tenez compte de l’inflation, le rendement est largement négatif, mais au moins vous avez une alternative

Ca veut dire quoi ? Ca veut dire que des valeurs technologies gonflées à l’hélium de l’argent gratuit se sont dégonflées et ont parfois perdu jusqu’à 90% de leur valeur. C’est le cas des sociétés qui ne gagnaient pas encore de l’argent et qui vivaient de promesses de lendemains enchanteurs. C’est aussi le cas de beaucoup de cryptomonnaies, mais c’est aussi le cas de valeurs technologiques sérieuses ou d’actions du secteur du luxe. Non pas que ces dernières ne sont pas bonnes intrinsèquement, mais leur valorisation était exagérée, faute justement d’alternative.

En fait, c’est ce que nous dit Marc Fiorentino, ce “repricing” général est normal. “Ce qui n’était pas normal, c’était les taux d’intérêt négatifs, les coquilles vides qui valaient des fortunes, des images de singes qui s’ennuient et qui valaient des millions de dollars, des licornes sans business model et des pépites boursières qui en réalité étaient “fakes” et même de très belles sociétés qui étaient survalorisées de façon aberrante”. La seule chose à garder à l’esprit, c’est que quand il y a “repricing”, il y a exagération. Normal, il y a eu exagération voire même euphorie à la hausse, il y a aujourd’hui une exagération à la baisse. Au final, gardez toujours à l’esprit qu’ “à force de parier sur le vent, on récolte des courants d’air”.

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