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La Bourse sous caféine, l’économie sous aspirine

La Bourse est totalement déconfinée. Elle est en pleine forme et a oublié le coronavirus.

Je ne me lasse pas d’observer la Bourse. C’est en soi un spectacle étonnant et toujours instructif.

Etonnant car alors que l’économie belge a connu son plus grand plongeon depuis la seconde guerre mondiale – et ce n’est pas moi qui le dis mais le très sérieux bureau du Plan – pendant ce temps, le BEL 20, l’indice phare de la Bourse de Bruxelles a rebondi de + 40% depuis le mois de mars dernier.

Nous ne sommes pas les seuls, l’indice S&P 500, qui est l’indice le plus représentatif de la Bourse américaine, a gagné 45% depuis son point le plus bas le 23 mars dernier. Et cela malgré les émeutes raciales aux Etats-Unis.

La plupart des secteurs sont en hausse. Les actions bancaires qui ont été massacrées ces derniers mois ont repris des couleurs. C’est par exemple le cas de KBC qui a repris 13% ou ING qui en a repris 23%.

Si on peut comprendre ce rebond des actions financières, en revanche, comment un être logique peut-il nous expliquer le rebond d’actions liées aux secteurs du transport ou du tourisme. Easyjet a gagné 31% et United Airlines a enregistré une hausse de 35%.

Tant mieux pour les détenteurs de ces actions, mais alors que le tourisme et les vols business vont reprendre timidement, comment expliquer une telle envolée des cours ?

Difficile en effet de trouver une explication qui tienne la route, sauf à penser que même si la reprise économique n’est pas encore acquise, la Bourse anticipe les 6 prochains mois. Les investisseurs ont fait leur deuil sur cette année, qu’ils considèrent comme une année perdue, une année blanche. Les investisseurs sont déjà sur 2021, voire 2022 et ont donc en quelque sorte effacé de leur mémoire le COVID-19.

Soulagés de voir que les gouvernements et les autorités monétaires déversent sans arrêt des centaines de milliards d’euros et de dollars pour sauver nos économies, les investisseurs boursiers sont à nouveau appâtés par le gain. Et même si certains d’entre eux ont des doutes, ils sont de nouveau de retour en Bourse sous l’influence du FOMO. Le FOMO, c’est une expression boursière pour dire Fear Of Missing Out, autrement dit, la peur de rater le coche de la prochaine hausse.

En résumé, on peut dire que la Bourse, elle, est déjà totalement dé-confinée depuis la fin du mois de mars dernier. Amazon profite d’ailleurs de cette situation car elle vient d’obtenir des milliards de dollars dont elle n’a pas besoin via une émission obligataire. Mais comme elle a pu le faire avec le plus bas taux d’intérêt de l’histoire américaine, Amazon aurait eu tort de ne pas en profiter. Pendant ce temps, les petits commerces font faillite par manque de crédit. Darwin a fait son retour en économie. On en parle peu ou pas mais oui, Darwin est de retour.

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