La Belgique utilisée comme “canal” pour le blanchiment de 10 milliards d’euros

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La banque lituanienne Ukio Bankas, au centre de l’enquête journalistique internationale “Troika Laundromat”, disposait de “comptes bancaires correspondants” auprès des banques ING, KBC et BNP Paribas Fortis. Au moins 10 milliards d’euros ont transité via ces comptes entre 2006 et 2009, selon nos confrères Knack qui ont participé aux investigations journalistiques. Nos collègues ont également obtenu une confirmation auprès du parquet fédéral.

A la suite d’un rapport de la Cellule de Traitement des Informations Financières (CTIF), la justice bruxelloise a entamé une enquête en 2010 pour une affaire de blanchiment d’argent impliquant la banque lituanienne. Le parquet fédéral a ensuite poursuivi les investigations.

Entre 2006 et 2009, au moins 10 milliards d’euros ont transité sur les comptes correspondants des trois banques belges. La majeure partie des paiements provenait de sociétés offshore, notamment des paradis fiscaux du Belize, du Panama et des îles Vierges britanniques.

L’enquête du parquet fédéral s’est concentrée sur les sociétés belges impliquées, qui avaient reçu de l’argent par l’intermédiaire de la banque lituanienne. Elles ont dû présenter des factures, des documents douaniers et de transport afin de justifier ces montants. Les enquêteurs ont analysé la correspondance entre le flux de marchandises et celui de facturation.

Le parquet fédéral a également collaboré avec le parquet de Malines. Ce dernier a mené des investigations concernant un grossiste de Heist-op-den-Berg qui avait reçu des paiements de sociétés offshore pour des livraisons en Russie.

Piratage de Dexia en 2009

Ukio Bankas apparaît également dans l’enquête du parquet fédéral sur le piratage informatique de la banque Dexia en 2009. De l’argent volé a été transféré sur un compte de la Trasta Komercbanka en Lettonie, où des paiements ont été effectués par une société offshore qui détient aussi des comptes chez Ukio Bankas.

Une délégation du parquet fédéral a livré toutes ces conclusions au système judiciaire lituanien, mieux placé pour poursuivre l’enquête. Le parquet de Kaunas a toutefois mis fin à l’enquête en décembre 2013. “Pour démontrer le blanchiment, il faut être en mesure de prouver que l’argent provient d’activités criminelles”, explique le procureur Marius Venskunas à 15min.lt, partenaire lituanien de l’enquête journalistique. “Nous n’avons pas reçu ces informations de la part de la Belgique lors de l’enquête. Il n’y avait aucune preuve que l’origine de l’argent était de nature criminelle, nous avons donc clôturé l’enquête.”

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