L’embarrassante banque du Vatican

© Image Globe

Parmi les dossiers peu théologiques qui attendent François 1er, le nouveau pape fraîchement élu, figure la banque du Vatican. Celle-ci fait en effet l’objet d’une enquête sur des opérations de blanchiment. Les cardinaux ont été briefés sur le sujet juste avant le Conclave.

Le Vatican tente depuis quelques années de rejoindre la liste blanche des Etats transparents sur le plan bancaire, organisés pour combattre les flux financiers suspects (blanchiment, financement du terrorisme,…). L’unique banque de l’Etat papal, l’IOR (Institut pour les oeuvres de religion), a connu des soubresauts qui avaient embarrassé le pape Benoît XVI. Peu avant d’annoncer son départ, une de ses dernières décisions avait d’ailleurs été de nommer un nouveau patron pour l’IOR, l’Allemand Ernst von Freyberg, qui devra remettre de l’ordre dans les affaires de l’institution financière de l’église catholique.

Une banque de 33.000 comptes

L’IOR, fondée en 1942, n’accorde pas de prêts mais gère 33.000 comptes, majoritairement ceux de congrégations et de religieux. Il est soumis au contrôle prudentiel de la Banque d’Italie. La Commission européenne a longtemps fait pression pour que cette banque accepte un contrôle de transparence des flux financiers comme les autres banques européennes. Sans grands résultats. La Banque d’Italie soupçonne l’IOR d’avoir encouragé le blanchiment d’argent à hauteur de 180 millions d’euros en s’abritant sous son statut particulier de banque du Vatican. La justice italienne estime que certains religieux mettent leur compte bancaire à la disposition de tiers pour des opérations peu licites.

La Banque d’Italie, constatant des transactions suspectes, a saisi (puis rendu) une somme de 23 millions d’euros. Le Vatican a fini par accepter depuis 2010 la mise en place d’un organisme de contrôle pour détecter les mouvements suspects, à l’image de la CTIF en Belgique. Son efficacité est encore très modérée. L’Etat papal a récemment accepté un audit réalisé par Moneyval, un organisme du Conseil de l’Europe, publié l’été dernier. Il s’agit d’une liste de griefs et de modifications à apporter pour que l’IOR respecte les mesures de lutte contre le blanchiment, la corruption et le terrorisme (recommandations FATF).

Les mauvais souvenirs Ces soupçons peu catholiques ne faisaient que réveiller de mauvais souvenirs. L’IOR avait déjà mis le Vatican dans l’embarras voici 30 ans, avec la faillite d’une filiale, la Banco Ambrosiano en 1982, dont le patron avait été retrouvé pendu sous un pont à Londres. Une troublante affaire ayant servi au scenario du film Le Parrain III de Francis Ford Coppola. Le Saint Siège, qui estime n’être pas responsable de cette faillite, avait tout de même dédommagé (partiellement) les créanciers.

Le Vatican a fait le ménage dans l’IOR tout en conservant son goût du secret, refusant de révéler l’identité des titulaires de comptes à des autorités extérieures. Mais la banque ne peut se permettre d’être considérée comme un maillon faible dans le monde bancaire. Elle risque d’autres rebuffades de la Banque d’Italie. Alors le Vatican donne des gages. Il a éjecté en mai Ettore Gotti Tedeschi, dernier patron de l’IOR, pour le remplacer par l’Allemand Ernst von Freyberg. Histoire, sans doute, de secouer une direction très italienne. En octobre, après le rapport Moneyval, il a porté le Suisse René Bruelhart à la tête de l’autorité de contrôle anti-fraude. Sa référence : avoir sorti le Liechtenstein de la liste noire des paradis fiscaux.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content