Grèce: les banques sauvées, mais encore vulnérables

© AFP/Sakis Mitrolidis

Les quatre principales banques grecques achèvent leur recapitalisation après avoir réussi à lever plusieurs milliards d’euros sur le marché privé, mais le manque de liquidités reste un casse-tête tant qu’une solution sur les créances douteuses n’est pas trouvée.

Prévue dans l’accord sur le prêt de 86 milliards d’euros signé entre Athènes et ses créanciers en juillet, les recapitalisations de Banque nationale de Grèce (BNG), Alpha, Eurobank et Banque du Pirée doivent parer aux retraits massifs de capitaux. Ceux-ci ont été observés depuis décembre 2014, liés aux craintes entourant l’arrivée au pouvoir du parti de gauche radicale Syriza d’Alexis Tsipras, puis à la mésentente initiale avec les créanciers.

De décembre à juillet, ménages et entreprises ont retiré un quart de leur épargne, faisant passer le stock de 160 à 121 milliards d’euros. L’argent ne revient, très doucement, que depuis août.

La Banque centrale européenne (BCE) avait chiffré le 31 octobre à 14,4 milliards d’euros le capital supplémentaire nécessaire à ces quatre banques pour affronter un scénario économique défavorable, montant ajusté deuis à 13,75 milliards.

Finalement, “le montant rassemblé s’est élevé à 8 milliards d’euros”, dont 5 milliards venus de nouveaux investisseurs, observe auprès de l’AFP Panayotis Petrakis, professeur d’économie financière à l’université d’Athènes.

Et ces banques n’auront donc besoin que “d’environ 5,7 milliards” d’argent public pour faire le compte, selon la porte-parole du gouvernement Olga Gerovassili.

Cette somme sera répartie à peu près par moitié entre BNG et Banque du Pirée, Alpha et Eurobank ayant réussi à s’en sortir seules sans injection publique.

L’état a désormais les moyens de ce financement, puisque le plan d’aide prévoyait 25 milliards d’euros pour renforcer les banques, dont 10 milliards viennent d’être versés par le Mécanisme européen de stabilité (MES).

Actions à moins d’un centime

Le Premier ministre Alexis Tsipras a jugé que l’objectif de recapitalisation avait été atteint à temps. Pour lui, “l’économie peut enfin repartir”.

Mais parmi les nouveaux investisseurs privés, attirés par des actions à prix ridiculement bas (entre 3 dixièmes de centime et 4 centimes) après des rabais massifs par rapport aux dernières cotations (-34,4% à -93,8%), figurent beaucoup de fonds spéculatifs, souligne le quotidien financier grec Naftemporiki.

Et les incertitudes demeurent, M. Tsipras ne pouvant plus compter depuis jeudi que sur une majorité rabotée de 155 à 153 députés sur 300, après le vote d’un nouveau train de mesures de rigueur, réclamé par les créanciers du pays avec lesquels il affiche sa volonté de s’entendre.

M. Petrakis relève que le gouvernement et les banques “doivent aussi trouver une solution sur les créances douteuses qui plombent le secteur et constitue une menace” pour la reprise du crédit : au moins un tiers des remboursements de crédits sont en retard de plus de trois mois.

Sous la pression des créanciers et des banques, le gouvernement vient d’inclure dans la loi votée jeudi des mesures réduisant la protection de la résidence principale des ménages endettés contre les saisies.

Pour M. Petrakis, le contrôle des capitaux imposé fin juin “a eu lieu très tard”. Selon lui, “le manque de liquidités est désormais un problème majeur”.

Une source proche du ministère des Finances souligne aussi avec inquiétude que la reprise du financement de la Grèce par ses créanciers n’a pas fait disparaître “le risque de liquidités” dans le pays.

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