FTX en faillite, c’est le “moment Lehman” des cryptos

Sam Bankman-Fried, fondateur de FTX. © Getty Images

L’effondrement de la deuxième plateforme d’échange de crypto-actifs après celle de Luna voici quelques mois pose quantité de questions et secoue toute la planète crypto.

C’est une coïncidence troublante: John J. Ray III, le curateur désigné pour sauver ce qui peut l’être de FTX, la plateforme de cryptomonnaies qui s’est placée voici quelques jours sous la protection de la loi américaine sur les faillites, avait déjà géré la faillite d’Enron, ce courtier en énergie qui s’était effondré en 2001 après la mise au jour d’un gigantesque système frauduleux. FTX était, derrière Binance, la deuxième principale plateforme d’échanges de cryptomonnaies au monde. Fondée en 2019 par “SBF” (Sam Bankman-Fried), elle revendiquait un million d’usagers. L’entreprise était encore valorisée, lors de sa dernière augmentation de capital en janvier dernier, à 32 milliards de dollars. Elle ne vaut quasiment plus rien aujourd’hui.

Le groupe avait émis sa propre “monnaie” digitale, FTT, pour un montant (sur papier) de 5 milliards de dollars. FTX en avait vendu une partie mais avait gardé pour lui plus de la moitié et s’en était servi comme garantie pour des prêts que sa société soeur Alameda avait contractés.

Binance avait acheté pour plusieurs centaines de millions de dollars de FTT. Mais suite à un article du site d’actualités spécialisé CoinDesk paru le 2 novembre, qui s’inquiétait du manque de transparence de l’empire FTX et se posait des questions sur la valeur réelle des FTT, Binance avait vendu ces actifs. La nouvelle a provoqué un mouvement de panique. Et l’on a vu l’empire FTX s’écrouler comme un château de cartes en quelques jours.

Binance a alors pensé un moment racheter son concurrent. Mais a jeté l’éponge après un audit rapide, accroissant encore les questions sur la société qui, finalement, n’a plus eu d’autres choix que de se mettre, fin de la semaine dernière, sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites.

Hémorragie

Cet effondrement pose, comme lors de la faillite de Lehman Brothers, quantité de questions: sur la régulation du secteur et son contrôle (FTX était basée aux Bahamas), sur le système frauduleux mis en place (SBM s’était ménagé une backdoor sur la plateforme, transvasant discrètement l’argent de ses clients afin de financer les activités de trading d’Alameda), sur la sécurité du système (près de 500 millions de dollars auraient été volés ces derniers jours) et, plus largement, sur l’utilité des crypto-actifs.

Entre le 2 et le 9 novembre, les “investisseurs” en crypto ont retiré des plateformes des montants considérables: 2,6 milliards de dollars en bitcoins, 1,4 milliard de dollars en ethers, et des centaines de millions en d’autres actifs. Et l’hémorragie semblait se poursuivre au moment de mettre sous presse.

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