Fraude fiscale: “Nous avons perdu 4 ans”

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“Nous avons été confrontés, à partir du début de 2012, à une avalanche de critiques et à une véritable volée de bois vert de la part de Karel De Gucht. Au final, entre 2012 et aujourd’hui, nous avons perdu 4 ans”, a affirmé mardi Karel Anthonissen, directeur régional de l’ISI.

“Alors que depuis 2009, nous étions en mode offensif (pour lutter contre la fraude fiscale), nous avons été confrontés, à partir du début de 2012, à une avalanche de critiques et à une véritable volée de bois vert de la part de Karel De Gucht, alors commissaire européen. Au final, entre 2012 et aujourd’hui, nous avons perdu 4 ans”, a affirmé Karel Anthonissen, directeur régional de l’ISI (inspection spéciale des impôts) à Gand, lors de son audition, mardi après-midi, par la commission spéciale de la Chambre consacrée aux Panama Papers.

“Il n’y a pas eu d’ingérence politique explicite et personne ne m’a appelé mais on a créé un contexte d’entraves, composé de procédures disciplinaires à mon encontre et d’articles me décrivant comme un homme assoiffé de pouvoir. Des perquisitions ont également été menées, en janvier 2012, par le procureur général d’Anvers, Yves Liégeois, chez le substitut Peter Van Calster, en charge du dossier HSBC”, a précisé Karel Anthonissen.

Dès juin 2009, ce dernier aurait signalé à sa hiérarchie et au gendarme du secteur financier de l’époque – la CBFA – qu’au moins un contribuable belge dissimulait son compte à la BIL derrière une société panaméenne.

“Par la suite, j’ai pu constater que les réactions, dont celle de Febelfin, concernaient davantage le messager que le contenu du message”, a poursuivi le directeur régional selon qui “HSBC a été la première banque pour laquelle nous avons eu des indices clairs. Il y a eu ensuite une opération chez Optima à Gand mais Anvers et Bruxelles allaient suivre. Et un ‘Optima bis’ se préparait”, a encore assuré Karel Anthonissen sans vouloir en dire davantage.

L’enquête ne sera toutefois pas menée jusqu’au bout, notamment en raison de l’intervention de Karel De Gucht, selon le directeur de l’administration fiscale gantoise. “Nous avons été confrontés à une telle avalanche de critiques et à de tels vents contraires que j’ai dit à mes inspecteurs: arrêtons-là. Nous n’avions plus ni la force, ni le courage de nous y attaquer”, a-t-il ajouté, entraînant de vives réactions de la part des parlementaires.

“C’est une accusation grave”, a ainsi asséné Eric Van Rompuy (CD&V), le président de la commission Ahmed Laaouej (PS) estimant pour sa part qu’il s’agissait “d’un point qui doit être éclairci, à huis clos, s’il le faut”.

“Après cet épisode, nous sommes revenus à un mode défensif et nous sommes aujourd’hui là où nous étions au début de 2012. Nous avons donc perdu 4 ans, ce qui n’est pas fondamentalement grave car il n’y a pas de prescription pour les faits de blanchiment”, a conclu Karel Anthonissen en confirmant par ailleurs que 150 dossiers liés aux Panama Papers avaient été “sélectionnés” par l’ISI pour une enquête plus poussée.

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