Fintech: Wirecard explose en plein vol

Markus Braun © BELGAIMAGE

En moins de deux semaines, la fintech adorée des investisseurs s’est complètement écroulée. Chronique d’un gigantesque scandale annoncé par certains qu’on n’a pas voulu écouter.

En 20 ans, Markus Braun, son CEO et fondateur, a propulsé Wirecard au sommet. Spécialisée dans les paiements en ligne où elle sert notamment d’intermédiaires entre les commerçants et les émetteurs de cartes, la fintech munichoise a réussi à convaincre des poids lourds mondiaux comme Alipay, Apple ou Google et la plupart des compagnies aériennes. En 2018, elle avait même réussi la gageure d’éjecter la Commerzbank du Dax, l’indice boursier allemand. Mais en 10 jours, le château de cartes s’est effondré.

Après avoir reporté la publication de ses résultats à quatre reprises, Wirecard a dû se résoudre à avouer que 1,9 milliard d’euros, en provenance de banques aux Philippines, avaien t disparu ou n’avaient sans doute jamais existé. Markus Braun a démissionné avant d’être arrêté par la justice munichoise qui l’accuse, ainsi que son numéro deux Jan Marsalek, aujourd’hui en fuite, d’avoir gonflé le volume des ventes. Les deux sont aussi accusés d’usurpation d’identité et de faux et usage de faux.

La fintech a demandé sa mise en faillite. Mais la question se pose désormais aussi pour ses filiales, telle la Wirecard Bank qui, munie d’une licence bancaire allemande, a près de 2 milliards d’euros en avoirs, ou Wirecard Card Solutions au Royaume-Uni, qui émettait des cartes de crédit virtuelles et aurait près de 3,5 milliards d’euros de dettes.

Le problème Wirecard avait pourtant été révélé à deux reprises. D’abord par des vendeurs à découvert qui trouvaient les comptes de la fintech un peu étranges et la soupçonnaient de blanchiment. Ensuite, à deux occasions, par Le Financial Times qui a parlé de trou dans les comptes en 2015 et de blanchiment, faux et usage de faux et usurpation d’identité en 2019. A chaque fois, rien n’y a fait, la BaFin, le régulateur allemand, n’a pas bougé. Pire, elle s’est même retournée contre les accusateurs. Aujourd’hui, la BaFin se retrouve tout comme EY, l’auditeur de Wirecard, dans le viseur de l’Esma, le régulateur européen, et de la Commission.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content